vendredi 5 juin 2015

Istanbul...

Difficile de trouver les bons mots pour décrire cette ville : fascinante, magnifique, intéressante, possédant mille facettes et au moins autant de visages, qui vont des gecekondu aux palaces... 

Si la mégapole aux 14 millions d'habitants (déclarés) est largement connue, plus rares sont les personnes qui ont eu vent de la Convention éponyme, dont le titre exact est "Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique".

Ce n'est certes pas un scoop "la violence à l'égard des femmes est un phénomène mondial" mais il est important de le rappeler : pendant longtemps j'ai cru que le fait de rendre les femmes autonomes, professionnellement et financièrement en particulier, permettrait de diminuer le nombre de victimes. Il n'en est rien et la violence (les violences, tant les formes sont nombreuses) subie par les femmes ne diminue pas, au contraire, la victime n'ayant ni drapeau, ni âge ni niveau de formation, allant de la clandestine à la cadre supérieure au revenu confortable; je ne sais pas si elle a un chien, un poisson rouge mais lorsque cette violence est exercée en présence d'enfants, elle devient encore plus intolérable. 

Entrée en vigueur le 1er août 2014, elle connaît une application timide si j'en crois cette petite phrase lue au détour d'un site : "globalement, seuls l’Allemagne, Andorre, le Danemark et la Norvège ont mis en place des mesures couvrant toutes les formes de violences envisagées par la Convention". Et les autres, alors ? 

Malgré ce démarrage que je qualifierais de "hésitant", j'ai envie de croire qu'au cours des années à venir, des moyens (importants) seront débloqués dans une Europe élargie pour éradiquer ce fléau. 

Ayant l'intention d'étudier ce texte de façon plus approfondie après mes examens en octobre, je l'ai récemment parcouru en vitesse et deux phrases m'ont immédiatement interpellée. 

  • L'art. 3 Convention d'Istanbul prévoit, comme beaucoup d'autres textes, nationaux ou internationaux avant elle, des définitions; celle du "genre", bien que nécessaire, va susciter la rédaction d'au moins une thèse de doctorat en sociologie; ainsi, "le terme « genre » désigne les rôles, les comportements, les activités et les attributions socialement construits, qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes;" : j'espère être encore vivante le jour où cette notion sera comprise de façon identique en Biélorussie et en Islande...

  • L'art. 57 prévoit quant à lui que "les Parties veillent à ce que les victimes aient droit à une assistance juridique et à une aide juridique gratuite selon les conditions prévues par leur droit interne" : vous l'aurez compris, la mise en gras est de mon cru, notamment parce que j'ai des doutes sur l'efficacité à court terme de cette déclaration, à tout le moins à ce stade de ma lecture.
Il se trouve en effet que le droit suisse possède des particularités "intéressantes" qui me font douter de l'application immédiate de ce principe. Ainsi, l'art. 30 LAVI (loi fédérale sur l'aide aux victimes d'infraction) se trouve dans le chapitre 4, intitulé "exemption des frais de procédure". Il se pose donc la question de savoir pourquoi une victime, qui voudrait obtenir d'un juge (civil) qu'il prononce l'expulsion du logement commun de l'auteur des violences au sens de l'art. 28b al. 2 CC doit quand même payer des frais judiciaires ? 

Mes pensées vont à toutes celles et tous ceux qui sont victimes de violence, que celle-ci soit physique, sexuelle, psychologique ou économique : puissiez-vous trouver autour de vous le soutien affectif, moral, matériel et judiciaire dont vous avez besoin.

A bientôt si vous le voulez bien,

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