Je suis une droguée

Pendant que le commun des mortels (en d'autres termes, celui qui a de la peine à boucler son mois) découvre l'existence de M. Madoff, tandis que le monde bancaire se demande comment affirmer de façon crédible n'avoir jamais eu à faire à lui, je m'étonne que personne ne se soit encore penché sur un autre problème, au moins aussi crucial.

Et ce problème, il est de taille, je vous assure. En effet, il s'agit du silence étourdissant des autorités face à une drogue dure. Qui crée une accoutumance sévère dès la toute première consommation. Mais étonnamment en toute légalité, cette drogue étant disponible dans les principaux supermarchés de Suisse (et d'Europe je suppose).

Je veux parler des cacahuètes au wasabi !

Ne riez pas, cher lecteur, l'heure est grave mais je vais tenter (et réussir) une (brillante) plaidoirie en faveur du maintien des ventes légales de ce produit.

Tout d'abord, un bref rappel des faits.

J'ai goûté les cacahuètes au wasabi il y a quelques mois, alors que je me trouvais à un de ces apéritifs dînatoires au cours desquels j'ai le don de me poser une question fatale "qu'est-ce que je fous là ?"

Ce soir-là, pour masquer l'inévitable trouble qu'entraîne cette rituelle interrogation, j'ai plongé ma main dans le bol de cacahuètes, consciente que je commettais une entorse à la diététique de "maintien" (comprenez "ne sois pas trop large dans les plaisirs que tu t'accordes, ta robe pour Nouvel An est serrée").

A peine avais-je croqué la première cacahuète que ma vie a changé en raison de cette explosion gustative sur mon palais pourtant fort difficile. Depuis lors, je hante les rayons des supermarchés pour trouver les meilleures, je compare les prix et la grandeur des paquets, je sais que je ne pourrai pas me fournir dans les stations service, qui ne vendent que de minables cacahuètes grasses. Et une soirée sans ma "drogue" est purement et simplement une soirée ratée !

Mais... malgré la rapidité et la sévérité de l'accoutumance, je pense qu'il convient de garder à l'esprit également tous ses bienfaits.

Principalement au nombre de deux.

Tout d'abord, les cacahuètes au wasabi contribuent à mon bonheur et diminuent notoirement la probabilité que je consomme un jour des antidépresseurs. D'où une substantielle économie pour mon assureur-maladie.

Ensuite, sachant que les cacahuètes, consommées même à des doses raisonnables, font grossir, j'ai le plaisir de bénéficier depuis le début de mon addiction d'une surcharge pondérale allant en s'accroissant chaque semaine. Et qui dit augmentation de la masse graisseuse dit meilleure résistance au froid. D'où la possibilité de vivre dans des pièces moins chauffées, le gras étant une forme bien connue d'isolation. D'où un substantiel geste en faveur de l'environnement.

Promis, le prochain billet, je l'écris sobre ! Et vous, quelle est votre "drogue" légale ?

A bientôt si vous le voulez bien,