mercredi 31 juillet 2013

Oxymore

Il paraît que cela s'appelle un oxymore, le "silence assourdissant", vous savez, comme celui qui a régné sur mon blog durant toutes ces années. Mais que voulez-vous, il en va de la vie comme d'un livre, je crois : il y a des tomes, des chapitres et des paragraphes...

Commençons donc ensemble un nouveau chapitre et traitons d'un sujet qui fait un "bruit silencieux".

Mais reprenons depuis le début, à savoir le pourquoi du comment du présent billet.

Il y a six ans, François, m'a lancé un défi, lequel a fait de moi une contributrice plutôt fidèle sur son site.

130 billets cukiens plus tard, un lecteur régulier m'en a lancé un autre, de défi : je le cite "je m’attendais à une diatribe de Madame Poppins sur l’onanisme ! Et bam, que nenni, Madame n’a pas osé".

Si, Madame ose, la preuve aujourd'hui, même si elle se demande avec un brin de malice quelle question elle pourra bien poser aux lecteurs en guise de conclusion - il est des traditions auxquelles il ne faut pas renoncer ! - Franchement, avec ces plaisirs-là, c'était plus simple, du moins pour moi. Peu importe, osons donc !

Remarquez, je ne sais pas si je vais avoir quoi que ce soit d'intelligent à dire parce que, voyez-vous, j'ai eu très souvent de la chance dans ma vie. Quelle relation entre la chance et la masturbation ?

C'est très simple. La première, c'est d'être née à une époque où l'on n'interdisait plus, ni aux filles ni aux garçons, de dormir les mains sous les draps : je n'ai donc pas grandi en entendant les ridicules mais tenaces affirmations selon lesquelles "ça" rend sourd.

La seconde, c'est d'avoir eu une mère qui, à la petite fille que j'étais alors, a répondu en toute franchise "oui, c'est vrai, c'est agréable" lorsque je suis arrivée vers elle, du haut de mes quatre ans environ, pour lui dire avec un grand sourire que c'était super de se mettre la main "là" et moi de plonger ma main dans ma culotte ! Ok, elle a enchaîné avec un "mais t'as vu tes mains ? Elles sont toutes sales", ce qui devait être rigoureusement exact puisque je vouais alors une passion au bac à sable et à la terre.

Depuis lors, force est d'admettre que

1. la masturbation reste, malgré l'étalage outrancier de sexe dans les journaux, films, publicités, romans, une chose dont on ne parle pas ouvertement, du moins pas entre femmes : je n'ai pas souvenir d'avoir abordé le sujet avec mes amies, certaines m'ayant toutefois confié des événements fort personnels, bien plus intimes à mon avis que leurs pratiques solitaires,

2. l'onanisme est si "connoté", socialement et surtout religieusement, pour certaines personnes, qu'elles ont recours à toutes sortes de "synonymes" plus ou moins distingués pour en parler, généralement en se tapant sur la cuisse, le sourire goguenard : il y a la fameuse "branlette" qui ne fait pas très "études genres" ou "se lustrer l'asperge", qui à nouveau fait explicitement référence aux hommes, à croire que les femmes sont toutes des saintes,

3. c'est à tort que la masturbation est qualifiée de plaisir "solitaire", preuve en sont les notaires, qui auraient, selon Guy Konopnicki, un certain penchant pour les femmes de droit : "c’était bien une juriste, elle était très douée pour la cravate de notaire. En reprenant son souffle, Joseph la regardait, elle caressait le sperme sur sa poitrine" : on comprend donc mieux pourquoi les jeunes mecs hantent avec tant d'ardeur les couloirs des facultés de droit ;-)

4. je ne connais pas Liam O'Cusegan mais que je trouve son affirmation selon laquelle la masturbation serait "la sexualité du désespoir" totalement fausse : je n'ai jamais rencontré de personnes désespérées présentant encore de l'intérêt pour le sexe et le plaisir !

5. c'est d'ailleurs doublement faux si on se base sur wiki, où la contribution au sujet du sexe fait figure de parent pauvre à côté de celle consacrée à la masturbation !

Remarquez, pour être totalement honnête, l'orgasme solitaire est certes plaisant, agréable, facile, probablement "utile" mais il ne remplacera jamais, pour moi, le bonheur que procure le fait de sentir à ses côtés le corps d'un homme à qui, justement, on vient de donner beaucoup de plaisir par amour !

Donc, ma question, rituelle : pourquoi, à votre avis, est-il si difficile de parler d'onanisme ?

A bientôt si vous le voulez bien,


PS. Pour le billet sur les sex toys, il faudra patienter encore un peu ;-)

2 commentaires:

  1. "une chose dont on ne parle pas ouvertement, du moins pas entre femmes "

    Entre homme non plus (hormis plaisanteries plus ou moins douteuses)!

    "à croire que les femmes sont toutes des saintes"

    Euh... c'est pas vrai? Chu déçu! Pourtant je me souviens avoir vu Manuela Maury dire à Jean-Luc Bideau dans une séquence de bêtisier. "Mais voyons, les filles ne pètent pas!".

    "Donc, ma question, rituelle : pourquoi, à votre avis, est-il si difficile de parler d'onanisme ?"

    Ben... je peux répondre par message perso? ;-)

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  2. Tout d'abord, chère Mary, bienvenue chez toi. Oh que je suis heureuse de te retrouver dans tes pénates avec tes billets drôles et piquants et je me réjouis déjà des sujets à venir. Voilà ça c'est dit.

    Concernant la masturbation, je te rejoins complètement sur le fait que c'est agréable, plaisant etc. mais je trouve qu'il manque, dans ton billet, l'aspect "pédagogique" de la chose. Le mot pédagogique parait peut-être pompeux ici, mais je maintiens qu'une femme doit passer par cette étape à l'adolescence pour connaitre son corps et pour transmettre à son amoureux ce qui lui fait le plus plaisir.

    Oublions les mot de Monsieur Sigmund qui disait qu'une femme uniquement clitoridienne était immature et penchons davantage sur les statistiques mondiales qui disent que 30% des femmes seulement ont des orgasmes vaginaux... Il est donc clair de dire que notre petit bouton du plaisir compte pour beaucoup dans notre sexualité.

    Pour ma part, j'essaye de transmettre à ma Juniorette ces notions bien que je sens tous les freins sociaux autour de moi que se soit dans les livres pour la jeunesse ou nos magnifiques histoires hollywoodiennes ce qui répond en partie à ta question.

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