mercredi 26 avril 2017

Impossible (n'est pas français)

Quelqu'un m'aurait prédit qu'un jour, j'écrirais ce billet, j'aurais répondu au mieux "impossible", au pire "insérez ici l'insulte de votre choix". 

Et pourtant, si, il est là, ce billet dans lequel je vous fais part du plaisir énorme que j'ai eu à lire deux mangas, le troisième étant en cours. 

Reprenons depuis le début. 

Par amour pour mes enfants, j'ai accepté de passer une journée à  Polymanga durant les vacances de Pâques  : je ne me prononcerai pas sur l'intérêt de cette grand-messe, je risquerais de devenir vraiment grossière. 

Mais comme si souvent, à quelque chose malheur est bon : tandis que Mini et Tom Pouce procédaient à un comparatif détaillé des différentes peluches et figurines d'un stand, j'ai flâné dans l'allée d'à côté, désoeuvrée, pour me diriger vers le seul endroit qui me semblait éventuellement moins navrant : le rayon livres. 

Le vendeur, captant mon regard désemparé devant les rayons remplis, à choix, de soldats mitraillant tout le monde ou de fillettes ingénues en jupe plissée et dotées des sempiternelles longs cheveux d'usage, m'a proposé son aide avec l'entrée en matière banale que vous connaissez toutes et  tous "je peux vous renseigner ?" 

Après quelques minutes de discussion, il a grimpé sur une échelle - là où le public-cible principal ne va pas - et en est revenu avec deux ouvrages.


Alors autant vous le dire d'emblée, lire "dans le faux sens" n'est pas inné pour moi et j'ai, durant plusieurs minutes, relu les mêmes page, le réflexe acquis durant des décennies étant difficile à contrecarrer. 

Cette "difficulté" dépassée, j'ai été prise dans l'histoire : elle est à la fois violente, douce et amère. Les personnages sont attachants - je ne trouve pas meilleure manière de les décrire qu'en disant "ils ont du relief" - et le monde qu'elle fait découvrir est pour moi inconnu : le Japon d'une part, les codes sociaux d'autre part, l'intrigue se déroulant de surcroît dans un univers pour moi totalement étrange, celui des maisons-closes. 

Si vous en avez l'opportunité, franchement, empruntez-le à la bibliothèque si vous doutez être en mesure de dépasser la page 9 : vous ne regretterez pas, je crois, avoir croisé la route de cette femme, Kan Takahama, dont je vous laisse découvrir la biographie. 

Le deuxième manga avec lequel je suis repartie est en réalité une histoire qui tient en 11 volumes : comme je ne suis d'ordinaire pas emballée par les romans historiques, j'ai pris uniquement les deux premiers volets. 


Ma retenue a été une grossière erreur : je suis en train de terminer le tome 2 et regrette de ne pas avoir les suivants d'ores et déjà posés sur ma table de nuit. Parce que je me prise au jeu de l'Italie de la Renaissance, de ses intrigues et de ses luttes de pouvoir. 

Je ne suis pas en mesure d'affirmer que la réalité historique a été scrupuleusement respectée - je suis mauvaise en jardinage, je suis "pire" encore en histoire - mais allez savoir pourquoi, je suis convaincue que c'est le cas : les références ne manquent pas, les détails sont légions et tout semble "vrai", "habité".

Ici aussi, l'oeuvre d'une femme, Fuyumi Soryo, dont la biographie trouvée sur le net me laisse un peu sur ma faim, j'aurais voulu en savoir davantage sur elle : je lui sais en revanche gré de m'ouvrir un peu au monde de Cesar Borgia.

Bref, si ces achats ont été partiellement motivés par l'ennui, partiellement par l'envie de me faire une idée - dépasser le rejet spontané pour essayer de comprendre ce que Junior (14 ans) trouve à cette littérature - je suis maintenant dans le camp des "essaie, ça peut te plaire, y a une vie en dehors de Notre-Dame de Paris". 

Si vous détestez la simple idée de lire un manga, dites-moi pourquoi. Si au contraire, vous avez un autre titre à me conseiller, foncez aussi. 

A bientôt si vous le voulez bien, 

ISBN 978-2-344-02260-3
ISBN 978-2-35592-508-5

7 commentaires:

  1. Impossible ? Si, si, Marine Le Pen leader d'un parti d'extrême droite, est en France aux portes du pouvoir.
    Impossible ? si, si, 11% de la population française vit au dessous du seuil de pauvreté.
    Impossible ? Si, si, dans un pays qui est abonné au chômage de masse depuis 30 ans, je n'ai jamais cessé de travailler
    Impossible ? si, si, je n'aurais jamais imaginé,contribuer au formidable essor de ma discipline médicale, la néphrologie, et en à côtoyer les ténors.
    Impossible ? si, si, j'ai connu, approché, parlé, vécu aux côtés de mes idoles musicales.
    Impossible ? si, si, avoir vécu un tel amour avec Elle, quelle récompense pour la Vie.

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    1. Impossible n'est en effet pas un mot fréquent dans ton parcours !

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  2. Je te conseille l'excellent "Quartier Lointain", de Jiro Taniguchi décédé il y a peu.
    C'est une très belle histoire, en deux volumes, très accessible.
    Un bonus pour toi, il est paru avec le "vrai" sens de lecture ;)

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    1. Yomel, merci pour le conseil : je vais le commander, mon envie de plonger encore un peu plus dans ce monde étant là.

      PS: le "vrai" sens est relatif, je constate surtout que ma plasticité neuronale en a pris un coup pendant les premières pages !

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  3. Pendant les années 90, notre fille attendait avec impatience la sortie de chaque opus d'Akira (Manga édité par Glénat, maison grenobloise ;-)
    Ayant ensuite suivi des études "Arts du spectacle-option cinéma", elle nous a fait découvrir Hayao Miyazaki et Ghibli, studio à l'origine du Voyage de Chihiro, de Nausicaä de la vallée du vent … Adopté d'emblée.

    Baby-boomer d'hier lecteur de Pilote , Hara-Kiri et Charlie Hebdo "Canal historique", je n'ai pas réussi à changer mes codes de lecture :-(
    Papy-boomer aujourd'hui et toujours amateur du travail d'Hayao Miyazaki.

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    1. La princesse Mononoké, le voyage de Chihiro et le château ambulant, c'est lui ? Je l'aime déjà, cet homme et espère pouvoir découvrir ses mangas !

      PS: j'aime bien l'expression "papy-boomer", ils sont chanceux, ces petits enfants !

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  4. Bon.

    Par amour pour mes enfants, je vais donc m'y mettre…

    Et aussi parce que tu me fais un peu envie tout de même.

    Mais la lecture à l'envers… ça va être dur!

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