mardi 18 décembre 2007

Le luxe : le retour

Nombreuses et parfois divergentes ont été les réponses à la question "qu'est-ce que le luxe pour vous ?" : soit, cela n'est pas étonnant, certains lecteurs de ce blog ayant probablement comme unique point commun d'être, justement, lecteurs de ce blog.

Bref, après avoir "dormi une nuit dessus", comme dit l'expression populaire, j'ai constaté que dans ma perception des choses, le luxe se résumait avant tout à une notion, à savoir "du temps" : pour moi mais aussi pour être avec les autres, qualitativement et quantitativement.

J'ai ainsi décidé de commencer par m'offrir du temps, charité bien ordonnée commençant par soi-même, et je suis allée chez le coiffeur. Attention, pas n'importe lequel, pas celui de la gare, qui vous coupe les cheveux en 23 minutes, avant le TGV de 17 heures, non, celui qui coûte certes deux fois plus cher mais qui coupe deux fois mieux et qui a besoin de six fois plus de temps.

"Alors, à nous deux, Madame Poppins : bon, il faut rafraîchir cette petite coupe et on fait comme on a dit, hein, des petites mèches ?" (c'est fou le nombre de choses qui sont petites chez cet artiste "capillicole").

"Oui Monsieur".

"Bon, alors, on garde la longueur sur le dessus, on coupe dans la nuque et pas trop court juste au dessus des oreilles" (notez la combinaison audacieuse des termes "bon" et "alors", présents pour la seconde fois en deux phrases).

"Oui Monsieur".

"Alors, je vous fais les mèches au bonnet, bon, mais pas trop bas dans la nuque, sinon, ça va faire paquet !" (j'attire à nouveau votre attention sur la nouvelle variante, fort intéressante et complexe dans sa maîtrise).

"Oui Monsieur" (là aussi, à signaler une très importante recherche dans le dialogue, comportant une profondeur insoupçonnée de prime abord, n'apparaissant que lors de la seconde lecture).

Je me suis donc soudainement retrouvée coiffée d'une sorte de bonnet de bain version année 1985, en silicone très épais, bleu flash, parsemé de petits trous, au travers desquelles une coiffeuse - le maître ayant passé la main pour ce travail ingrat - probablement sorcière vaudoue à ses heures perdues, spécialiste des sorts par implantation d'aiguilles, a extrait des mèches de cheveux "attention, Magali, prenez aussi bien les mèches sur le devant, Madame Poppins a un épis juste sur l'avant de la tête".

Ensuite, il a fallu enduire les dites mèches d'une espèce de pâte blanche, empestant à plein nez, rester patiemment assise avec un bonnet noir à froufrou noué par dessus le bonnet de bain bleu durant 45 minutes, avec pour seule compagnie la voix atroce de Florent Pagny et la lecture édifiante de Paris Match... Imaginez ma souffrance et ma solitude ! Mais je tenais bon, j'allais être belle !

Finalement, c'est 60 minutes plus tard que j'ai été priée de me déplacer vers "le bac, je vais vous laver les cheveux, je vais ensuite mettre un petit fixatif, qu'il faut laisser reposer sept minutes".

Ceci chose faite, j'ai eu droit à une crème "vous comprenez, c'est bon pour le cheveu, ça le nourrit" (ici, pas de "alors", à ma grande surprise), laquelle a également dû rester étalée sur "mon" cheveu durant dix minutes.

Opération suivie d'une coupe, "dégagée sur les oreilles mais pas trop, je vous laisse une petite longueur sur le dessus, je coupe dans la nuque alors" et d'un séchage "je fais assez destructuré, d'accord ?"

Ainsi, deux heures trente après avoir franchi la porte, j'ai remis mes lunettes sur mon nez : dans la glace, j'ai vu une femme fort savamment coiffée, la mine sérieuse bien que légèrement incrédule.

Remarquez, ça tombe bien que je ne me sois pas reconnue durant quelques secondes, je peux ainsi faire semblant que cette nana, avec une choucroute sur la tête, c'est pas moi et affirmer que "non, chéri, il doit y avoir une erreur dans les débits sur ma carte bleue, je ne dépenserais jamais un montant pareil pour une coupe de cheveux, voyons" !

Heureusement, je ne m'offre cela que pour Noël : je n'ai pas souvent autant de.... temps ;-)

Et vous, vous pensez quoi de votre tête en sortant de chez le coiffeur ?

A bientôt si vous le voulez bien,

19 commentaires:

  1. Tu devrais passer l'adresse de ton coiffeur à Mme Eveline Widmer-Schlumpf !

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  2. Aie Sugus ! Vous risquez de vous faire épingler pour mauvais usage des genres (voir les écrits de Mme Poppins à ce sujet): ne vous êtes-vous jamais dit que M. Blocher était fort mal coiffé lui aussi ? Et M. Brélaz ? :-)

    Trève de...

    Moi, chez le coiffeur, j'en veux pour mon argent. C'est à dire que j'attends du spécialiste qu'il me donne des conseils, qu'il ait du goût, et connaisse la mode.

    J'avais l'habitude de fréquenter un salon "très mode" (et pas si cher) à Genève, et j'étais toujours content. Faut dire que je suis du genre facile. "Vous voulez quoi comme coupe ?
    - Je sais pas. Faites-vous plaisir, M. le coiffeur !"
    ça ça marche avec un très bon coiffeur.

    Je n'ai plus jamais trouvé un aussi bon que celui ci.. Et quelle a été ma surprise quand une fois j'ai essayé d'aller chez une coiffeuse "moins chère". "Vous voulez quoi comme coupe ?
    - Je sais pas vous avez une idée ?
    - Non. Mais derrière je fais court ?
    - Euh... oui...?...
    - ET sur les côtés ?
    - Hein ?
    - Courts ou longs ?
    - Euh... plus long ?
    (elle coupe un peu)
    - Comme ça ça va ?
    - Euh (désespéré)... oui...."
    Et ainsi de suite.....

    En général, je me dis toujours que les cheveux ça repousse, donc j'ai pas peur.

    Et comme maintenant que je me suis assagis au niveau des cheveux et que c'est mon homme qui me les coupes (les cheveux toujours), et bien je suis toujours content, vu que c'est jamais trop cher ! (et très très bien coupé !)

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  3. Comment, quoi ?

    Ah, c'est toi, Chérie ?

    Hé ! Bé ! Ça alors !

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  4. ça dépend du coiffeur et de la longueur de mes cheveux..
    ;-)

    mais j'ai déjà eu très très peur, il y a quelques années, quand je suis ressortie les cheveux courts et rouges...

    bises

    P

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  5. je me réjouis de te revoir belle Mary tu as bien fait de laisser ta tête dans les mains d'un expert. Moi je suis plutôt frileuse sur ce point je vais chez une amie coiffeuse qui me connaît et qui sait que j'ai peu d'imagination et ne prend pas de risque! par contre chaque fois que j'arrive au salon son mari (qui est le patron) m'amène des kilos de grands livres avec les toutes nouvelles coupes¨!!!!!! il m'énerve déjà de quoi je me mêle et de plus mon amie sait ce que je veux.
    Alicia

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  6. Pour moi, aller chez le coiffeur a toujours été pire qu'aller chez le dentiste ou tout autre fournisseur de service.

    Je détestais :

    - me voir rougir dans le miroir parce que je ne savais jamais quoi dire

    - devoir supporter des conversations qui ne m'intéressaient pas, ou, pire, supporter en culpabilisant le silence de celui/celle qui avait bien compris que je ne supportais pas la conversation

    - devoir répondre "c'est très bien comme ça merci" quand on me présentait avec un miroir le résultat de la coupe dans la nuque et que je ne pouvais que constater les dégâts avec un sourire qui ne faisait pas du tout illusion

    - ne pas savoir dire "Non surtout pas" quand on me demandait si je "voulais qu'on mette du gel"

    - devoir débourser toujours trop d'argent pour un résultat qui ne m'a jamais vraiment convaincu

    - devoir assumer, me reflétant brushé dans toutes les vitrines de la ville, le trajet de retour jusqu'à la maison, où, de toute façon, je me relavais vite les cheveux afin de me coiffer moi-même

    Depuis, je me coupe les cheveux tout seul, comme un grand.

    Avantages :

    - je ne me parle que peu

    - je dépense encore moins que je ne me parle

    - je n'ai pas besoin de traverser la ville avant de me coiffer comme je l'entends

    En plus, peu à peu, je progresse. Tant et si bien que depuis peu j'ose aussi couper les cheveux de ma moitié.

    La lecture de votre mot me donne des envies : je compte bien essayer sur lui le bonnet à mèches et la lecture de Paris Match.

    Si le résultat est concluant, Madame Poppins, d'ici un an ou deux, promis, je vous fais un prix :-)

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  7. Je vais très peu chez le coiffeur, et uniquement depuis 2 ans. J'étais restée 22 ans sans y mettre les pieds... (comme j'ai les cheveux raides et que je les porte longs, ça va, merci môman pour les pointes !)
    Je déteste ma tête quand j'y suis (les cheveux plaqués, les joues rouges, engoncée dans cette cape grise...), et je n'aime pas ma tête quand j'en sors : ma petite coiffeuse, au demeurant trèèèèès sympathique, persiste à me brushingger la tignasse bien droite bien lisse à côté du visage, alors que, de nature très ronde, j'ai les joues bien rebondies qui vont avec, et donc avec les tifs bien raides à côté c'est très laid !
    Alors je me dépêche de rentrer chez moi, de me secouer la tête en bas et d'ébouriffer un peu tout ça pour que ce soit un brin plus souple...
    Ceci dit j'aime beaucoup ma coiffeuse qui est adorable (mais bavarde !) et qui me fait des mèches claires pile comme je le veux... je n'y vais que pour ça d'ailleurs ! (et pour un tarif défiant toute concurrence, en plus)
    Par contre il faut prévoir du temps... 3h 3/4 mercredi dernier !!! (elle cause, mais elle cause...)

    Ah, et puis pour répondre à ton post pércédent (pas eu le temps !) : pour moi aussi, c'est d'avoir du temps à s'accorder pour soi... ou pour ce qu'on veut qui ne soit pas une obligation !

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  8. La réponse de Cocoa me convient parfaitement, je n'aurais pas pu écrire mieux.
    J'ajoute avoir vécu l'épisode suivant:
    Après avoir tergiversé et hésité je me décide, j'entre dans un salon de coiffure.
    Je suis "pris en main" par une jeune femme qui m'installe, me lave les cheveux, puis m'oriente vers le "fauteuil de torture". Là commence une série de questions comme-vous-savez.
    Je réponds à l'aspect technique.
    Elle se met en action, et m'abreuve d'une conversation de considérations philosophico-artistico-capilliculturo- bioesthéticiennes (emprunt à Pierre Desproges). je ne réponds rien en mal élevé que je suis. Après quelques vaines tentatives, elle met une main sur mon front et me plaque la tête entre ses seins et me disant: "vous n'aimez pas qu'on vous parle, hein, Monsieur ?"
    J'en suis resté luxueusement muet.

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  9. Moins j'y vais mieux je me porte et pourtant j'aime bien qu'on s'occupe de moi! mais je déteste parler avec la coiffeuse et je me déteste toujours en sortant, ça va mieux le lendemain matin après avoir dormi dessus, m'être lavé les cheveux et les avoir coiffés à ma façon! de toutes façons pas le temps d'y aller... un jour je prendrais vraiment le temps et j'y mettrais les moyens pour changer de tête mais j'ai les cheveux longs et j'ai attendu des années pour qu'ils poussent du coup je ne suis pas prête pour le grand saut!

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  10. M'est arrivée la m^me aventure il y a quelques années. J'ai voulu tenter le salon chic-branchouille, grosse erreur.
    J'aurais dû fuir qd j'ai entendu "Jenifer, faites chauffer le casque!"...
    Qd je suis ressortie de cette antre du diable, je ressemblais à une actrice des "Feux de l'amour" sans fond de teint!
    Je remercie encore le sort de l'absence de Mr Bidule ce jour-là.

    Bidule

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  11. En sortant de chez le coiffeur, je me précipite sous la douche pour me laver les cheveux et les laisser sécher n'importe comment. Surtout ne pas avoir l'air de sortir de chez le coiffeur !

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  12. J'aime aller chez le coiffeur. J'aime enlever mes lunettes et découvrir un nouveau visage 45 mn plus tard (respectivement 2h30 plus tard quand j'ai fait des mèches). Lorsque je déprime, rien de tel qu'un rendez-vous chez le coiffeur pour me remettre d'aplomb !

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  13. Tout comme Coacoa, sinon que je m'oppose farouchement aux gels, soins, laques et autres.
    Au retour, douche parce que les petits cheveux tombés dans le cou, ça gratte !
    Dominique - Qui n'a plus de Bits and Bobs pour cause de piratage de la plateforme.......

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  14. Chers coiffeurs vous êtes désavoués...nous allons toutes et tous nous recoiffer après avoir passer par vos mains expertes mais néanmoins artistiques. En fait, c'est comme les architectes, ils n'écoutent pas ce que l'on veut et nous imposent leur manière de faire et leurs idées.

    Il y a peut-être juste les tondus à 6mm (comme Mr. Sylphide) qui n'ont pas besoin de s'ébrouer tel un chien mouillé sortant de la gouille du village.

    Quant à moi j'y vais aussi le moins souvent possible car je trouve que c'est cher pour ce que c'est. En plus, j'ai drillé Mr. Sylphide et il sait maintenant parfaitement me refaire ma couleur (pas mal non ?).

    Par contre, je me suis rendue compte que d'aller chez le coiffeur du village n'était pas un bon plan, car ils connaissent tous les derniers ragots jusqu'aux plus sordides de mes compatriotes communaux...

    @coacoa, je me suis vraiment reconnue, étape par étape, dans ton récit

    Chers coiffeurs, nous ne vous haïssons pas.

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  15. J'ai des epis partout et pris la decision, depuis belle lurette, de me faire couper les cheveux en brosse - tres courte.

    J'avais jadis un coiffeur qui me faisait une brosse "plate" parfaite, un peu a la Grace Jones, vous voyez? J'en etais tres heureux sauf que le lendemain matin, ma brosse plate s'etait arrondie pendant le sommeil! Oh desespoir!

    Et puis, mon coiffeur est parti a la retraite. J'en ai teste 2 ou 3 autres mais bon, payer 60 frs (francais) pour une brosse arrondie, non merci. J'ai donc decide un beau jour de me tondre moi-meme et je me suis achete une tondeuse.

    Ca fait donc une 10e d'annees que je me coupe les chevux ainsi que ceux de ma femme (mais pas avec la tondeuse, sauf pour le tour de coup). Ca nous fait faire des economies et en plus, je suis toujours disponible sans rendez-vous! C'est le bonheur pour ma puce ^^

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  16. Ben moi j'adore aller chez ma coiffeuse...bon, je vous rassure, ça n'a pas toujours été le cas. Avant d'apprécier, il fallait que je trouve LA coiffeuse parfaite. Celle qui fait la conversation quand vous en avez envie, mais qui sait se taire quand vous avez pas envie de causer. Celle qui propose la bonne couleur, qui va avec votre teint, votre garde-robe et avec l'air du temps...Celle qui, quand on lui dit, faites un truc qui vous plaît, fait un truc qui lui plaît et qui vous va!
    Pour le gel, c'est niet...par contre, suivant la longueur, un peu de cire ou d'argile pour décoiffer savamment, je dis pas non...Et pendant que la couleur pose, je fais, à choix, le plein de potins à 2 balles, la sieste, rien...et qu'est-ce que ça fait du bien!
    Mais avant de dégotter cette perle, j'ai subi les affres décrits dans les commentaires précédents:-(

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  17. ...la dernière fois je me suis dit :
    "il était temps, tu es quand même beaucoup plus beau comme ça..."
    j'étais content, je me plaisais...(c'est pas non plus un peu du luxe ça?)

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  18. Coiffeur ? Coiffeur ? Ce matin, au Super U de Pacy-sur-Eure, j'ai acheté une tondeuse électrique, avec cinq sabots, peignes, ciseaux, pour 5 €. Alors, le coiffeur, hein...

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  19. Caramba : finalement, rares sont ceux pour qui le coiffeur représente un réel moment de bonheur ! Mais bon, nous le savons tous, la beauté est intérieure !

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