vendredi 11 avril 2008

Pour vivre heureux, vivons cachés ?

Il y a les titres, les gros, sur la manchette d'un journal qui a comme seul mérite d'avoir le bon format pour la caisse du chat. 

Il y a les titres, ceux de bouquins ou de morceaux de musique, ceux qui intriguent, ceux qui amusent, ceux qui restent à jamais gravés dans la mémoire ou encore ceux dont on n'est jamais fichu de se souvenir, "zut je l'ai sur le bout de la langue". 

Il y a le titre d'une solution en chimie : mes années de cours, dans cette branche, datent considérablement et je garde davantage le souvenir d'un problème que d'une solution, n'en déplaise à mon prof de l'époque, "monsieur, si vous me lisez, sachez que j'ai détesté de la première à la dernière minute l'ensemble de vos cours !"

Il y a encore le titre d'un sportif et son palmarès, parfois tout aussi long et impressionnant que la quantité de substances diverses et plus ou moins licites qu'il avale pour les obtenir, peut-être "à l'insu de son plein gré". 

Bref, vous l'aurez compris, ce terme s'applique à moult notions et wikipédia les a recensées, dans l'improbable hypothèse où cela intéresserait quelqu'un.

Lors de mon entretien d'évaluation avec Big Boss, il y a quelques jours, je me suis entendue dire que l'une de mes qualités était le fait que je sois "humble et empreinte de respect dans mes relations", ceci "malgré mon titre" ! 

Cette remarque m'inspire trois commentaires. 

Le premier, fort simple : depuis quand un titre, aussi difficile soit-il à acquérir et aussi prestigieux puisse-t-il éventuellement être - tout étant relatif dans l'existence -, dispense-t-il du respect que nous devons tous à notre prochain ?

Le second : quelle image déplorable ont donc les avocats aux yeux d'un DRH pour qu'il oppose mon éventuelle humilité et mon titre comme s'ils étaient antinomiques ?

Le troisième n'est pas directement lié à cet entretien mais il en découle peu ou prou : dans mon entourage, je côtoie un certain nombre de personnes qui "cumulent" toutes sortes de diplômes, licences, maîtrises, certificats, doctorats et autres thèses ou spécialisations et il arrive fréquemment que ces personnes "cachent" leurs titres, même lorsqu'on leur pose la question si "bateau" : et toi, tu fais quoi ? Et vous savez pourquoi ? Par crainte qu'on ne leur reproche d'être vantardes, d'étaler leur science ou de vouloir écraser les autres ! 

Alors bien sûr, je ne peux exclure qu'il y ait des gens qui s'estiment meilleurs que le voisin sous prétexte d'avoir tel ou tel titre, ce qui est juste pathétique, le titre n'étant qu'une enveloppe et ne caractérisant pas la personne dans ce qu'elle a d'humain. 

Toutefois, je me demande parfois s'il ne faudrait pas arrêter de "vivre caché" dans le but d'être heureux : n'est-ce pas aussi à l'autre, celui qui souffre d'un éventuel "complexe universitaire," d'apprendre à le gérer ? 

Et vous, vous arrive-t-il de "noyer le poisson" et de ne pas répondre directement lorsqu'on vous demande "et toi, t'as quelle formation ?"

A  bientôt si vous le voulez bien, 

9 commentaires:

  1. Autre raison aussi d'essayer de cacher ses titres, c'est d'obtenir un job... J'avoue avoir demandé en désespoir de cause à l'ORP comment bidouiller mon CV, puisque ma licence universitaire était visiblement un frein à ma carrière, ce que je n'ai pas fait car en trois coup de google, la supercherie aurait été découverte.
    Pendant le temps où j'ai essayé de postgrader, j'ai appris à mentionner cette occupation accessoire uniquement lorsqu'elle pouvait être un atout, sinon, ça me classait dans la catégorie intello dans les nuages.
    Je pense aussi que la mentalité helvète peine à sortir de l'enfermement des classifications diplômes/professions dont découle l'adage qu'avec tel ou tel papier, on fait ça et pas autre chose, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Ca s'appelle la protection des diplômes. Sauf que c'est bien joli de protéger le titre de politologue, ça fait pas vivre sa femme, contrairement à ce que beaucoup (d'employeurs) croient.
    Par contre, pour avoir pratiqué pas mal d'avocats, je confirme que certains ne se prennent pas pour la queue d'une poire, et adorent exiger de leurs employées la servitude qui sied à leur rang inférieur...

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  2. Zozieau, tu te rends compte, en venir à ressentir le besoin de "bidouiller" son CV ? Le titre fait-il mieux vivre "son homme" ? J'espère en tout cas que ton job actuel te plaît !

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  3. En tant que polytraumatisé, euh... polytechnicien, pardon, je dois dire que, non, je ne cache pas spécialement mon titre. Maintenant, n'étant pas du genre vantard, je ne l'annonce pas non plus spontanément quand je rencontre quelqu'un. Il est sûr que, quand je le dis, ça a plutôt tendance à impressionner, mais je ne vais pas faire l'autruche pour autant.

    Le fait que les gens se la pètent est, à mon avis, totalement indépendant du titre, mais c'est sûr que ça n'aide pas...

    J'ajouterai encore que le titre ne fait pas tout. Il y a des gens qui ne citent pas leur profession (ce qui est encore différent du titre), à cause de la gêne que cela peut engendrer. J'ai un ami qui est inspecteur de la sûreté (policier en civil, quoi) et il m'a avoué éviter autant que possible de citer son métier, à cause de l'allergie latente généralisée aux "(sales) flics".

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  4. Je pense aussi que le fait que les gens se la pètent est totalement indépendant du titre.

    Bof, bof, peu inspirée par cette question. Et pourquoi n'aurais-je pas le droit de cacher ou de dire sans rendre de compte à personne! C'est juste une question de caractère, de circonstances et d'envie. Pas envie de me tourmenter pour si peu!

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  5. non car je suis qu'une simple infirmière et heureuse de l'être! alicia

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  6. Issue d'un millieu modeste et également avocate, je ne compte plus le nombre de fois où, sans mentir, j'ai tenté de répondre le plus inaudiblement à la question "qu'est-ce que tu fais dans la vie?", ou bien j'ai immédiatement rebondi sur toute autre chose pour faire diversion.

    Effectivement, il y a ceux qui se la jouent. Mais aussi, il y a ceux qui, sans être envieux, sont impressionnés et même si leur réaction est spontanée et qu'ils n'essayent pas de vous culpabiliser, vous ressentez comme une gêne, en espérant que ce "titre" ne changera rien à leur comportement futur.

    D'une manière générale, ce titre me rappelle souvent malgré moi que l'évolution sociale n'est pas toujours facile à assumer aussi humble que l'on soit.

    Jennifer

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  7. Comme Sugus, pas envie de me prendre la tête ;-)
    Mais le commentaire du DRH est typiquement suisse, pourrait figurer dans les "conseils à ceux qui veulent s'intégrer" dans ce pays. Ici, on ne se la pète pas.
    Quoique... ;-)

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  8. La meilleure surtout, c'est que mon CV est déjà en quelque sorte bidouillé; c'est plus facile maintenant que le thématique est plus à la mode que le chronologique.
    J'ai en effet fait sauter la première année après l'obtention du bac, qui m'a valu en son temps moult remarques (une année de conservatoire, section brevet de musique -> aucun goût pour travailler avec des ados). Mais j'en ai eu parlé au besoin en entretien d'embauche...
    Pour le surplus, le nouveau job me plaît énormément... je suis ravie d'avoir été finalement retenue, même si je n'avais pas le bon titre ;-)

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  9. Zozieau,

    Mazette, ça veut dire que t'es super douée en zick, toi ! Quel(s) instrument(s) ?

    Si je salue les CV "thématiques" parce que finalement, l'être humain n'est pas juste une alignée de dates, j'avoue que j'ai quand même encore du mal avec ce type de documents : probablement parce que je n'arrive tout simplement pas à en faire quelque chose de cohérent et que mon CV du moins ressemble surtout à un truc "bordélique". Ravie de lire que le nouveau job te plaît, excellente continuation.

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