Il y a plusieurs mois déjà, Junior (6 ans) est rentré de l'école en me disant "tu sais, Lucas, il croit en Dieu"; j'ai répondu que non, je ne le savais pas, ce qui était la stricte vérité.
Quelques semaines plus tard, Junior m'a à nouveau interpellée pour me demander "et nous, on croit en Dieu ?" Je lui ai expliqué qu'il ne saurait y avoir de "nous" en matière de religion : le fait que moi, je sois athée ne devait pas l'empêcher de se choisir, aujourd'hui ou demain, une religion, chacun étant libre d'avoir ses propres croyances.
Ce qui a eu comme conséquence que le même jour, à la bibliothèque, il a voulu emprunter un livre sur les religions, que nous avons lu à plusieurs reprises ensemble : nous avons ainsi parlé de certains livres sacrés - bible, coran, torah en particulier - des symboles et de différents rituels religieux.
Jusqu'à hier, silence radio sur le sujet "religion" : il est rentré passablement bouleversé de sa matinée à l'école : "tu sais, les copains, ils m'ont dit que si je ne croyais pas en Dieu, une fois que je serai mort, je brûlerai dans les flammes pour toujours".
Là, je dois bien l'admettre, mon flegme helvétique en a pris un sacré coup et j'ai eu une très furieuse envie d'aller donner un cours de droit constitutionnel à ces enfants croyants et pratiquants ou, pour être plus précises, à leurs parents. Pour leur rappeler que si pour ma part, je veillais à apprendre à mon fils l'importance du respect d'autrui, y compris dans ce qu'il a de "sacré", la réciprocité devait également exister : l'art. 15 de la Constitution fédérale n'est pas à sens unique !
1. La liberté de conscience et de croyance est garantie.
2. Toute personne a le droit de choisir librement sa religion ainsi que de se forger ses convictions philosophiques et de les professer individuellement ou en communauté.
3. Toute personne a le droit d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir et de suivre un enseignement religieux.
4. Nul ne peut être contraint d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir, d’accomplir un acte religieux ou de suivre un enseignement religieux.
Je ne critique pas leurs pratiques, qu'ils veillent à ne pas effrayer mon fils de six ans par ce genre de remarques non sollicitées.A bientôt si vous le voulez bien,
Allons au plus court: les religions, dans leur grande majorité sont, ont été et demeurerons encore longtemps causes de guerres sanglantes, de mort, et d'humiliation. Les exemples récents du Tibet et de Gaza illustrent parfaitement ce propos. Éric Fotorino, rédacteur en chef du journal "Le Monde" écrivait dans son éditorial de début d'année qu'il souhaitait que tous les protagonistes de la guerre entre les Palestiniens et Israël fassent "un peu moins d'histoire et un peu plus de géographie".
RépondreSupprimerEn second lieu, si les démocraties ont mis dans leurs Constitution, un article 15 ainsi qu'MP l'écrit, c'est que les législateurs savent à quel point les dérives sont proches et les limites franchies.
Troisièmement, la religion donne bonne conscience inconsciemment. Je m'explique. L'enseignement religieux enquiquine TOUS les enfants (statistiquement). Beaucoup de parents appliquent ce que leurs parents leur ont appris: un enseignement religieux parce que, pour, tu comprends ma fille/mon fils. Mais il n'y a pas de réflexion discriminante à ce sujet. On fait parce qu'ON a toujours fait ainsi: c'est inconscient. Et pour en rajouter une couche qui fera que l'enfant va sagement satisfaire à la croyance, on lui susurre que s'il ne satisfait pas, il sera puni, oh non, pas par Papa/Maman (un peu hypocrite ?) mais par Dieu/Mahomet/Yahvé/Bouddha/ mon chien ... et qu'il brûlera dans les flammes éternelles de ....
Sympa la religion qui est amour, bienveillance tolérance, tralala.
Au fait ce n'est pas dans certaine religion qu'on se comporte en adorateur de cadavre ? Demandez voir à Michel Onfray ce qu'il en pense.
Il faut aussi que Junior sache qu'il y a des lois de la physique et que brûler éternellement ne se peut pas. L'exemple d'une cheminée, d'un réservoir devrait lui suffire.
Je me demande si la pratique religieuse "imbécilisée" comme elle est évoquée dans ce billet me "décalme".
Il y a d'autres "stimulants": ceux qui parlent sans savoir, ceux qui sont sans respect pour autrui, ceux qui ne respectent pas un contrat avec une large acception du mot contrat, les "cons qui se permettent tout, c'est à ça qu'on les reconnaît" (Michel Audiard).
Respectueuse journée à tous.
Enfin un peu de droit constitutionnel.
RépondreSupprimerMerci.
J'aurais surligné également l'alinéa 2 (droit de se forger librement ses convictions philosophiques). Le problème c'est qu'il est difficile de se les forger librement, tant les influences culturelles, sociales, publicitaires, économiques, et j'en passe, sont grandes...
Je crois que l'on ne pourrait le faire qu'en fin d'un très longue vie (et encore), et que les convictions de chacun, pour autant qu'elle soient LIBREMENT forgées (comme tout bon citoyen respectueux de la constitution devrait le faire), ne correspondent en fait à aucune religion ou culte existant.
Chacun à sa propre religion, il n'y en a pas deux pareilles... qu'il appellera comme il veut (et l'alinéa 4 prend toute son importance).
(NB : "religion" ne vient-il pas du verbe latin "ligo, ligare" qui doit si mes souvenirs sont encore pas trop rouillé mais j'ai des doutes, signifier "relier", "unir"... et non séparer, discriminer...
Après la visite d’une chapelle, Je parle avec Juniorette de religion. S’ensuivent des explications plutôt complexes. Au final, nous faisons remarquer à Juniorette que les croyances sont plutôt des affaires d’adultes et que les enfants n’en ont pas autant besoin. Elle confirme en nous disant que, pour elle, il lui suffit de jouer avec ses Barbies, la voiture des Polly Pockets ou de danser le flamenco avec des schlaps dans sa chambre.
RépondreSupprimerCitation: "j'ai eu une très furieuse envie d'aller donner un cours de droit"
RépondreSupprimerAllez, tu peux le dire, personne ne t'en voudra: tu as eu aussi une très furieuse envie d'aller donner un coup (de pied) du gauche au c... des pisse-froids de service, non ?
Hum moi je permettrais un commentaire liant ce billet et le précédant.
RépondreSupprimerIl y a quelques jour, deux femmes âgées sont venues frapper à ma porte. Elles se proposaient de m'informer sur l'intelligent design (creationnisme quoi (oui je fais un raccourcis mais bon ce n'est pas parce que le créationnisme a été édulcoré que l'on ne doit pas l'appeler comme tel). Dans mon anglais approximatif je leur demande ce que faisait Dieu avant la création du monde. Bon je n'ai pas compris leur réponse mais il me semble que ce n'était pas très convainquant.
Ce n'est pas forcément fin ni d'une honnêteté intellectuelle (oui là je suis juste en train de désamorcer le conflit que je risque de déclencher avec mon amie) à toute épreuve mais ça fait du bien.
Bonne soirée à tous,
Nouwanda
Même si la tolérance fait partie de bon nombre de textes religieux, elle fait rarement partie des comportements des pratiquants. C'est bien dommage.
RépondreSupprimerFranklin, je suis convaincue que Junior est capable de comprendre, en voyant le feu dans la cheminée, que celui-ci ne peut pas brûler éternellement mais je doute qu'il puisse garder une telle logique lorsque ce feu est associé à la mort : personne ne peut s'imaginer être mort.
RépondreSupprimerPour ma part, l'enseignement religieux ne m'a jamais enquiquinée : j'ai en revanche toujours déploré que ne soit à l'ordre du jour que la religion chrétienne, comme si le monde était fait uniquement de chrétiens.
Arpenteur, je l'avoue : mes souvenirs de latin sont trop vagues ! Quant au droit constitutionnel, j'en ai la "nostalgie" : je crois que c'est l'un des cours que j'ai le plus aimé à la fac !
Sylphide, j'espère que Juniorette me fera une démo du flamenco en schlaps, ça doit être quelque chose, ça !
Franklin, plutôt que sur le postérieur, c'est une grosse claque que j'aurais voulu leur mettre ! Mais bon, ce qui me chagrine le plus, ce n'est pas que ces enfants parlent de leurs convictions (ou celles choisies par leurs parents), c'est leur droit d'en faire part à autrui : c'est le fait qu'ils se prononcent sur ce qui advient aux gens qui ne les rejoignent pas. Parce que c'est là que je vois le côté très dénigrant : comme si moi, je leur disais "je suis athée et ceux qui croient en X ou en Y, c'est des gens qui perdent leur temps et qui sont très cons".
Nouwanda, c'est ce qu'on appelle le sens de la question, ça : j'aurais voulu voir leur tête !
STV, je me demande si on ne pourrait pas franchir même un pas de plus : tous les textes parlent de tolérance, non ? Dommage que la mise en pratique de cette tolérance pêche si souvent dans ce monde !
Le "calme olympien", drôle d'expression, à ma connaissance les habitants de l'Olympe n'était pas si calme que ça !
RépondreSupprimerSinon je dois "perdre mon calme" peut-être une fois par décennie, et encore, le cocktail connerie/mauvaise foi a tendance à me faire monter en régime, mais plutôt que de péter les plombs mon truc c'est plutôt la froideur analytique, et je peux en arriver à un stade ou rien ne pourrait m'arrêter.
Pour expliquer les religions aux enfants, pourquoi s'en tenir aux religions monothéistes, certains contes issus des religions antiques et exotiques sont passionnants à lire et permettent de relativiser l'importance de telle ou telle religion.
Au final je trouve que ces "croyances" en des psychopathes vindicatifs en mal d'adoration sont pitoyables.
… et non, en règle générale les religions ne font pas preuve de tolérance!
"plutôt que sur le postérieur, c'est une grosse claque que j'aurais voulu leur mettre "
RépondreSupprimerHo tu aurais dû, afin de vérifier si ce sont de bons chrétiens, et voir qu'ils tendent bien l'autre joue ;-)
Levri, je persiste : la religion peut être très tolérante, c'est son application par certains êtres qui posent problème.
RépondreSupprimerYsa, ohh mais que voilà une bonne explication le jour où j'en balancerai effectivement une : je me demande quelle réponse me donnera Maman-très-chrétienne-au-point-de-laver-le-cerveau-de-son-fils...