lundi 18 octobre 2010

Les "oublié(e)s" du calendrier des vacances

Ne pas avoir d'enfants, c'est juste super. Vraiment top. Extraordinairement bien. J'vous jure.

Tenez, j'en veux pour preuve qu'une personne-sans-enfant (ci-après "PSE") est forcément au nirvana du bonheur le fait que le dimanche, le soleil est toujours au zénith lorsqu'elle sort de son lit. Alors qu'un parent, lui, se lève trois fois par nuit durant des mois et ensuite, tous les week-ends à sept heures trente durant des années : franchement, c'est naze, même si le teint livide donne un genre. Du moins lorsqu'on mesure 1m75 et qu'on pèse 51kg avec les chaussures du défilé.

En outre, si elle ne reste pas au lit jusqu'à midi, la PSE invite des amis pour un repas, lequel n'est que harmonie et découverte de saveurs raffinées, tandis qu'une mère de famille, après quelques années, en vient à oublier qu'elle a eu eu à sa table des gens pour un "brunch" : c'est supposé être un truc qui est à la fois un "breakfast" et un "lunch", genre onze heures du matin, un toast au saumon dans une main, une flûte de champagne dans l'autre... sauf que son quotidien, c'est début en fanfare à sept heure trente, première bagarre entre les enfants à sept heures quarante cinq et première punition à huit heures. De toute façon, Mozart, on l'entend pas au milieu des pokemon qui volent à travers une cuisine.

Ce qui est aussi trop cool quand on n'a pas d'enfant, c'est qu'on peut passer une journée entière sans parler. Alors qu'un père de famille, tous les dimanches, il répète "tire la chasse d'eau, n'oublie pas de te laver les mains" pour ajouter, quelques secondes plus tard, "et la lumière, elle va s'éteindre toute seule ?", ayant abandonné l'idée d'apprendre à Bambin à refermer la porte derrière lui. Et encore, j'ai supprimé, de la remarque paternelle, l'éventuel flot d'injures ponctuant l'injonction : j'ai des lecteurs mineurs.

Donc, oui, une PSE a la belle vie. Au point, figurez-vous, que cette personne est l'objet de toutes les attentions. Ben oui, logique. Si elle est mariée depuis peu, chaque mois, on va scruter son ventre si elle est de sexe féminin, lui taper dans le dos en lui demandant d'un air entendu "alors, vous allez bientôt comprendre comment on fait ou faut que je t'explique ?" si elle est de sexe masculin.

Parce que, forcément, toute personne ne peut avoir qu'un seul rêve dans la vie : avoir des mômes, tout le reste n'est pas admissible.

Dès l'instant où elle a enfin réussi à faire comprendre à son entourage que les enfants, soit elle n'en veut pas, soit la vie en a décidé autrement à sa place, la PSE pense pouvoir être tranquille.

Sauf qu'elle est obligée de se farcir les gamins des autres. Et là, franchement, ça devient subliminal, entre récits sans fin d'accouchements, premiers pas, premières dents, otites, varicelle puis rentrée scolaire.

Tiens, la rentrée scolaire, parlons-en. On pourrait croire que c'est juste une étape de plus que cette PSE doit écouter avec le sourire, la tête légèrement inclinée pour marquer son intérêt.

Sauf que cette étape, elle va lui faire perdre le sourire qu'elle affichait stoïquement. Pourquoi ? Parce que la personne qui n'a pas d'enfants, forcément, elle ne pourra pas prendre ses vacances en juillet ou en août : "il faut laisser la priorité aux parents qui ne peuvent pas prendre leurs vacances à un autre moment, calendrier scolaire oblige".

Moralité, cette personne, elle va fatalement se voir proposer des vacances au mois de novembre.... ce qui est incroyablement cool, comme tout le monde le sait. En novembre, il fait moche, super moche, froid et gris partout en Europe. Et il faut un salaire de dingue pour partir aux antipodes.

Ben ouais, en juin, elle doit être au bureau pour que les gens-qui-ont-des-enfants-eux puissent lui donner toutes les instructions in-dis-pen-sables à la bonne marche des affaires en leur absence. En septembre, elle ne peut pas partir non plus : "tu dois pouvoir assurer la bonne transition et faire un topo des dossiers aux gens-qui-ont-des-enfants-eux" et qui reviennent - en narrant avec moult détails les progrès hallucinants de leur progéniture aux cours de natation !

En octobre, ça ne loupe jamais, le big boss veut voir tout le monde pour le grand meeting annuel de motivation, "pas question d'accorder des congés". Donc, en novembre, elle pourrait partir, cette personne si chanceuse de ne pas avoir d'enfants sauf que... voir ci-dessus.

Moralité, c'est pleine d'espoir qu'elle pose un congé pour Noël - Nouvel An, histoire de passer du temps avec ses proches à côté du sapin, au coin du feu. Erreur, grave erreur ! Les vacances scolaires viennent bousiller ses projets, une nouvelle fois.

Et après ça, on s'étonne que Madeleine, "elle a pas encore pris de vacances, y faut qu'elle prenne des vacances, ça va pas, ça, l'art. 329c al. 1 CO doit être respecté, elle se croit indispensable ou quoi, à ne jamais partir ?"

Bref, oui, c'est vraiment trop top de ne pas avoir d'enfants...

Alors que la fin de l'année, justement, approche et, avec elle, le moment de planifier les vacances 2011, peut-être qu'on pourrait accorder, juste une fois, au moins une fois, la priorité à cette personne sans enfant : tout le monde a, dans son entourage professionnel, une PSE, non ?

A bientôt si vous le voulez bien,

7 commentaires:

  1. Chère Mary,
    Pour décharger les PAE (personnes avec enfants), les PSE pourraient les leur emprunter pour les fêtes où elles s'ennuient pendant leurs repas "aux chandelles" en tête à tête!
    Cela leur éviterait des réminiscences de leur lune de miel.
    Amitiés
    Citation: "La lune de miel est finie quand le mari cesse d'aider sa femme à faire la vaisselle et qu'il la fait tout seul." (Robert Rocca.)

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  2. Evidemment, en tant que PAE, j'apprécie d'avoir la priorité pour fixer mes vacances, parce que c'est déjà galère de coordonner entre le boulot de Monsieur et le mien ... mais, là où je bosse, les PSE ont de la chance, comme on est peu, elles peuvent aussi prendre des vacances en période scolaire :-)
    Et d'ailleurs, en octobre, c'est mon collègue PSE qui part alors que je resterai au bureau :-)

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  3. Pour l'avoir vécu, c'est vrai que PSE, c'est pas le top. Mais c'est peanuts face au PAE-DE (parent avec enfant - dernière embauchée) : tes voeux passent en dernier parce que ton collègue (mâle) a 10 ans de plus d'ancienneté (et même dans 50 ans, il les aura toujours, ces p*tains de 10 ans de plus), et donc tu te retrouves à bosser quand ta louloute découvre la mer, et t'es en vacances en novembre pour bien profiter du matin où tu l'emmènes à l'école, à la suite de quoi, tu as toute ta journée pour ranger la maison, préparer le repas du soir tranquille, et accessoirement aller au ciné. Si ça c'est pas des vacances !

    Haut les cœurs, on a quand même les câlins de nos affreux, et leurs collages rapportés de l'école.

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  4. Moi je suis un PSE qui doit faire une demande ECRITE pour pouvoir prendre ses vacances hors période scolaire.... Un comble...

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  5. Pas mieux... PSE, et célibataire de surcroît !

    Alors j'ai pas droit au "quand est-ce que tu t'y mets", mais à des remarques au mieux maladroites, au pire assez désagréables sur "toujours pas de jules? dépêche-toi, tu commences à vieillir !" ou "quand est-ce que tu nous le présentes ton amoureux secret?"
    Parce que oui, c'est évident, le rêve de toute personne célibataire est de se trouver un compagnon. Si elle n'en a pas, c'est qu'elle le cache.

    Et alors, oser discuter avec un ami de l'autre sexe, sacrilège ! Limite si je ne suis pas déjà mariée avec lui selon certains (j'en ai connu qui ont cru pendant plus de deux ans que je sortais - voire étais fiancée - à un ami qu'ils n'avaient eux jamais vu, mais dont ils avaient une fois entendu le nom... et je ne pouvais pas les croiser sans qu'ils me demandent quand je comptais rendre notre relation officielle...)

    À ces personnes qui me demandent sans arrêt si je suis bientôt fiancée, j'ai pris le pli de répondre : "ah, mais tu n'es pas au courant? les fiançailles ont lieu samedi. Le prends pas mal hein, mais t'es pas invitée..."

    Quant à comprendre que non, je n'ai personne dans ma vie, personne en vue, etc., c'est mission impossible.
    Je ne dis pas, je ne serais absolument pas contre, mais je ne cherche pas (c'est le meilleur moyen de pas trouver, ou de tomber sur des dérangés). Et je profite au maximum de mon célibat.

    Bon, question boulot et vacances, j'ai de la chance : seule employée, je dois prendre mes vacances en même temps que les patrons : du 21 juillet au 21 août. Y a pire comme créneau...

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  6. :-) J'adore cette citation, une nouvelle à ajouter à ma collection, je ne la connaissais pas. J'avais juste lu "la grossesse est l'état qu'un homme est obligé de concéder à sa femme lorsque celle-ci n'est plus comblée par le seul mariage" (auteur, je ne sais pas).

    Chrysante, finalement, y a quand même des endroits où PSE et PAE arrivent à vivre en bonne intelligence, c'est bien !

    Calpotis, là, en effet, tu soulèves un problème auquel je n'avais pas pensé, "DE", pour dernière embauchée ! Mais je te rassure, dans 50 ans, le collègue, y sera mort... et toi, à la retraite :-)

    Mirou, ça, c'est le top du comble ! Mais rassure-moi, c'est pas pour partir à Londres au mois de novembre ?! :-)

    Chrysopale, j'adore le "mais t'es pas invité", c'est exactement le genre de remarque que j'affectionne. Dis-leur que tu poserais tes cartes le jour où la polyandrie sera autorisée.... comme la plupart des gens ne savent pas ce qu'est la polyandrie, t'es tranquille, t'es déjà une rue plus loin le temps qu'ils osent t'avouer qu'ils n'ont pas pigé ta réponse !

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  7. Mary,

    C'est malheureusement bien volontairement et consciemment que j'ai mis 50 ans, vu ce qui se passe en France en ce moment, vu que j'ai 42 ans et que j'ai commencé à bosser tard, en prenant EN PLUS des congés parentaux pour mes enfants. C'était en fait une bien mauvaise blague.

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