lundi 12 août 2013

On parle de tout ?

Si de masturbation, on ne parle pas souvent entre femmes, il est un autre sujet que nous ne faisons généralement qu'effleurer : les règles. 

Vers 12, 13 ou 14 ans, il y a bien sûr la question-qui-tue-faut-répondre-oui-au-risque-de-passer-pour-un-bébé "tu les as déjà eues, toi ?" (regard en coin) mais ensuite, c'est le black-out, à part les classiques "j'ai mal au ventre, tu sais..." (air entendu) et le "j'ai mes règles" (soupir de découragement) quand on a 30 ans et qu'on voudrait tellement pouvoir brandir fièrement un test de grossesse positif.

Mais au-delà de ça, rien, rien du tout, l'omerta. A part bien sûr la tante Françoise qui estime nécessaire, à un repas de famille, d'annoncer fièrement que Fifille Romane-Léa-Judith-Pauline est enfin devenue une "vraie" femme.... donnant l'impression à la susdite d'être une bête de foire (au mieux), un objet dont l'intimité peut être violée collectivement et familialement (au pire).

Remarquez, comment pourrions-nous en parler librement ? Au fil des siècles, ce sang a été régulièrement considéré comme "impur" - cela marque forcément l'inconscient féminin (et masculin)- , suscitant au mieux une certaine ambivalence : Anne L en parle bien mieux que moi, lisez-la ici

Ainsi, entre femmes, 
  • on n'aborde pas le fait que dans certaines familles, pour des questions religieuses en particulier, l'usage du tampon est exclu - et si l'hymen en venait à être défloré ? -, 
  • on ne discute pas franchement de la question des rapports sexuels durant les menstrues (remarquez, ça reviendrait surtout à parler de la réaction de nos partenaires à ce moment-là parce que sur le principe, rien, rien du tout ne s'oppose à faire l'amour durant cette période), 
  • on ne parle pas de l'abondance du flux, on ne parle pas de l'éventuelle anémie qui peut en découler,
  • on ne parle pas du constat que ce flux se tarit un jour en raison de la ménopause - bon, on peut parler de nos bouffées de chaleur "attends, c'était horrible, en pleine séance de direction, je me suis mise à transpirer, heureusement, j'ai quand même fait une présentation qui a convaincu le DG, il a voté le budget", mais pas de ce qu'elle représente symboliquement, cette ménopause (ben oui, c'est sûr, on est très au clair là dessus, on ne veut plus de bébé mais ne plus vouloir et ne plus pouvoir, c'est pas pareil !) -. 
Bref, vous l'aurez compris, c'est pas au top 10 des sujets. 

N'empêche, je vais quand même vous en parler. Parce que mon gynécologue, après la troisième naissance, m'a dit "bon, maintenant, on va s'occuper de ces règles hémorragiques qui vous font vivre depuis des années à la limite de l'anémie". 

Moi : "?"

Lui : "vous m'avez dit que Tom Pouce est votre dernier enfant, vous avez plus de 40 ans, je vous ai prescrit plus de Tardyferon qu'à n'importe laquelle de mes patientes et ça ne marche pas. Passons à autre chose !"

Moi : "et c'est quoi, cette autre chose ?"

Quelques semaines plus tard, il pratiquait sur moi une cautérisation de l'endomètre. Ajoutez une injection de fer plus tard et je revivais : presque plus de règles, plus d'anémie ! 

Alors oui, il s'agit d'une intervention chirurgicale, qui nécessite 
  • une anesthésie générale (je déconseille - bien que n'étant pas du métier - l'anesthésie loco-régionale, péridurale ou rachi parce que l'instant n'est pas très glamour à vivre en live), 
  • une hospitalisation d'une nuit (pas forcément indispensable, la sortie peut se faire le jour même),  
  • un traitement antalgique qui, s'il est bien dosé, fait disparaît toute douleur post-opératoire (dans mon cas).
A signaler que cette technique entraîne quelques jours de pertes peu agréables car relativement abondantes (et dans certains cas, "odorantes" si j'en crois une de mes amies) mais sur le moyen terme, le jeu en vaut vraiment la chandelle selon moi. 

D'une part parce qu'entre des règles qui ressemblaient aux chutes du Niagara (avec tout le stress que cela occasionnait de se trouver très régulièrement à proximité de toilettes pour changer ou le tampon ou la mooncup), et des saignements anecdotiques, mon choix est vite fait au niveau "confort" de vie; d'autre part, parce qu'il est rassurant de ne plus devoir continuellement traquer le fer, à ne plus devoir s'interroger, à chaque coup de fatigue "c'est encore mon taux de fer qui a baissé ou suis-je juste en sur-régime ?"

Bref, si j'avais su, je n'aurais pas attendu le 3e anniversaire de Tom Pouce pour accepter cette intervention.

A bientôt si vous le voulez bien, 

2 commentaires:

  1. wahoo, très intéressant ton truc... j'en parlerai à mon prochain contrôle chez le gynéco.
    Il est vrai qu'on ne parle pas vraiment de ce sang menstruel entre nanas, mais pourquoi donc. Sans doute, comme tu le dis, le sujet est tabou et la honte plane derrière ces quelques mots.
    Il est vrai qu'avec Juniorette, je n'en parle pas beaucoup car j'ai l'impression que le sujet ne l'intéresse pas vraiment... où alors c'est moi qui suis gênée... allez savoir. Cela dit, je l'ai emmenée à un atelier de découvert du cycle féminin, voir ici http://www.corpsemoi.ch/, et c'était vraiment un moment sympa. Nous avons pu aborder des sujets jamais abordés alors et ce fut un beau moment de complicité mère-fille. Pour les mamans qui me lisent je le conseille vivement.

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  2. Dis donc, Sylphide, top, ton truc : je suis en train de surfer pour trouver une date avec Junior ! Merci donc pour le lien, intéressant !

    Et ce soir, on dit 19h00 à la gare ? Bises,

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