Je sais
que je me suis levée trop tôt, que le train n'entrera en gare que dans sept
minutes mais je n'y peux rien : le front appuyé contre la portière, je le
guette déjà au milieu de la foule sur le quai alors que nous traversons encore
la campagne puis les premiers quartiers de la ville.
Comme à
chaque fois, j'espère qu'il aura mis sa vieille veste, rugueuse, rêche, contre
laquelle j'appuierai ma joue : elle rend l'instant où il posera ses mains sur
mon visage encore plus doux. Nos regards se croiseront alors pour la première
fois et, durant quelques secondes, ce sont nos yeux qui s'apprivoiseront à
nouveau, qui effaceront un peu la souffrance engendrée par nos trop longues
séparations.
Ce n'est
qu'alors qu'il se penchera vers moi, approchera ses lèvres des miennes, sa
langue se faisant d'abord caresse légère puis audacieuse, ses dents me mordant
finalement, m'arrachant un premier cri, son propre gémissement venant mourir
dans ma bouche.
Je souris
: je viens de le voir alors que le train ralentit petit à petit, il est là
!
Dans le
bus qui nous conduit comme à chaque fois au parking où il a laissé sa voiture,
il me plaque contre la vitre, il se colle contre mon dos, me serrant fort, son
bassin s'appuyant contre mes reins : sentir son sexe gonflé, coincé dans son
pantalon déclenche à chaque fois des fourmillements, une chaleur dans mon
bas-ventre et je n'ai qu'une envie. Une envie folle de me retourner, d'ouvrir
d'une main sa ceinture, défaire de l'autre les boutons et repousser ce caleçon
devenu trop étroit. Une envie folle de me mettre à genoux devant lui pour
d'abord embrasser, lécher puis enfouir dans ma bouche, aussi profondément que
possible, son sexe dur, frémissant, réagissant à chaque mouvement, à chaque
pression de mes lèvres, de mes dents. Une envie folle de glisser ma main sous
ses testicules, de les effleurer, de les caresser. Une envie folle de laisser
doucement glisser deux doigts en direction de son anus. Une envie folle de
conjuguer le va et vient de ma bouche avec celui de ma main pour lui permettre
de jouir, fort, vite, aussi sur mon visage. Une envie folle de me redresser
ensuite pour l'embrasser, pour qu'il se goûte, pour que...
Je me
retourne, nos regards à la fois amusés et remplis de désir se croisent à
nouveau : nous savons l'un comme l'autre qu'il nous faudra attendre encore au
moins une heure avant de pouvoir apaiser réellement la faim qui est la
nôtre.
Sur la
route qui nous mène de Bordeaux au Cap Ferret, nous ne parlons jamais ou très
peu : nous jouons.
"Enlève
ta veste" est généralement sa première demande. Je m'exécute en souriant,
je sais la suite et m'y soumets déjà.
"Enlève
ta culotte" m'ordonne-t-il d'une voix un peu plus rauque : sans me faire
prier, malgré le sentiment de ridicule qui est le mien à chaque fois que je me
trémousse ainsi sur le siège de la voiture, je la fais glisser le long de mes
cuisses, de mes mollets, l'abandonnant finalement à mes pieds.
"Pose
tes talons sur le tableau de bord" me demande-t-il ensuite.
"Et
pourquoi devrais-je faire ça ?" est ma question rituelle, le timbre de ma
voix innocente ne trompant personne.
"Pour
que tu puisses remonter lentement ta jupe, me montrer tes bas, le haut de tes
cuisses nues" me souffle-t-il : heureusement qu'il connaît la route par
coeur, qu'elle est presque déserte en ce début d'automne, son souffle devenu
plus rapide me révélant l'intensité de son désir.
Je sens
alors mon sexe devenir chaud, humide, plus sensible encore, s'ouvrant déjà à
son membre qu'il me tarde d'accueillir, profondément, violemment. Je pose ainsi
mon talon droite à la hauteur du rétroviseur extérieur, l'autre au dessus du
levier de vitesse et commence tout doucement à remonter ma longue jupe. Le
tissu qui glisse sur mes mollets, mes cuisses m'excite encore davantage, comme
s'il était un prolongement de ses mains pourtant sagement posées sur le
volant.
Parfois,
il sourit en regardant cette lente progression; parfois, agacé, n'y tenant plus,
de sa main droite, il tire d'un geste sec pour découvrir d'un coup mes jambes,
mettant mon sexe à nu. Sa main droite quitte alors le levier de vitesse et ses
doigts viennent agripper avec force l'intérieur de ma cuisse gauche.
"Caresse-toi, maintenant, s'il te plaît, caresse-toi".
Avant de
l'avoir pour amant, jamais je n'avais envisagé de me masturber devant quelqu'un
- il est des plaisirs que je pensais forcément solitaires - mais le ton de sa
voix, presque suppliante, m'avait fait céder et j'avais accédé à sa demande,
d'abord timidement, gênée, presque honteuse; au fil des mois, j'avais pris goût
à ce jeu, ayant réalisé le plaisir qu'il prenait à me regarder, à sentir mon
excitation gonfler, mon souffle devenir court, mon corps entier se raidissant,
s'immobilisant même juste avant l'orgasme qui venait soulager un tout petit peu
ma faim, ne faisant qu'accroître son désir. Immuablement, il prend ensuite ma
main et lèche mes doigts en souriant, sans dire un mot.
Nous
sortons toujours de la voiture sans emporter nos affaires, sans verrouiller le
véhicule; il se saisit de la clé, cachée sous le cendrier sur le rebord de la
fenêtre du salon, ouvre la porte, la repousse d'un coup de talon. Il me prend
par la main, m'emmène tout au fond de la maison, dans sa chambre encore inondée
par le soleil de cette fin d'après-midi d'octobre.
Nous nous
faisons face au pied du lit et je reste immobile pendant qu'il enlève ses
chaussures, son pantalon, son slip. Je sais qu'il aimerait être tendre, qu'il
aimerait que ce premier instant soit doux et long mais je sais aussi à quel
point son érection est devenue impérieuse, à quel point il a besoin de jouir :
"ose" je lui souffle alors, "fais-le, j'en ai envie".
De ses
deux mains, il me pousse alors sur le lit, je me laisse tomber en arrière en le
regardant; il me retourne, soulève mon bassin et d'un coup de genou, écarte mes
cuisses. Il remonte une nouvelle fois ma jupe, pose ses mains sur mes hanches.
Je sais
qu'à cet instant, il regarde mes fesses, qu'il va ensuite venir, de sa main
gauche, fouiller mon sexe mouillé, l'écarter encore davantage pour me pénétrer
d'un coup, fort, m'arrachant un cri. La violence de ses mouvements m'électrise,
m'incite à me cambrer encore davantage pour lui offrir mon cul.
"Oh
oui, prends-moi, enfonce-toi, encore, encore" : je sais qu'il aime
m'entendre, je sais que l'orgasme s'approche de lui comme les vagues d'un
Atlantique déchaîné, m'entraînant à sa suite, dans une déferlante qui nous
coupe à tous les deux le souffle, qui rend nos corps moites et éblouit tous nos
sens.
Je retombe
alors, sans force, sur le lit, son corps venant s'écraser sur mon dos; sa
bouche, juste à côté de mon oreille me souffle : "je sais que tu as faim,
viens avec moi dans la cuisine, j'ai déjà préparé un plateau d'huitres, le vin
est au frais depuis ce matin".
comment faire pour travailler tranquillement après cette lecture ? Une seule envie .. rentrez chez soi pour retrouver la femme qu'on aime et lui faire l'amour.
RépondreSupprimerL'envie, comme un feu, peut être ravivée ce soir...
RépondreSupprimerVoilà, c’est fait. Je me suis abonné à ton blog par le biais du flux RSS. Le titre du nouvel article apparaîtra dans ma liste chaque fois que tu en écriras un. Pratique, cela évite de cliquer tous les jours, deux jours… semaines… sur toutes les entrées d’une liste d’adresses.
RépondreSupprimerJe te laisse avertir J-C que c’est dores et déjà disponible.
Super, merci pour ce retour, kris : je ne peux en effet pas promettre à moi seule la même fréquence de publication que cuk et son équipe, même si je l'ai fait durant des mois, avec des billets bien évidemment parfois très brefs. Au plaisir de te retrouver ici, bonne suite de journée,
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