lundi 30 janvier 2017

Un mantra

Je sévis travaille, depuis bientôt quinze ans et à des titres divers, dans le large domaine du médico-social.

Je côtoie ainsi, de près ou de loin, des infirmières, des éducatrices, des sage-femmes, des techniciennes en radiologie médicale, des assistantes sociales, des médecins, des légistes, des psychologues, des chercheuses, des sociologues, des historiennes, des ethnologues, des animatrices, des praticiennes formatrices, des maîtres socio-professionnelles, des professeures, des maîtres d'enseignement, des politologues, chacune avec une spécialisation incroyable, chacune avec un regard particulier sur sa profession, sur son propre champ, toutes ayant une préoccupation sincère, profonde et commune : le souci de l'autre, des autres. 

Toutes (ou presque) présentent une seconde similitude au-delà de leur parcours, de leur formation et de leur niveau hiérarchique : cette nécessité de poser sans cesse la même question.
Non pas à moi directement - elles savent toutes que la juriste, c'est pas la peine de l'interpeller, elle est juste une pièce rapportée, une espèce de mal nécessaire - : en séance, lorsqu'un désaccord surgit, lorsque des tensions naissent sur la manière de traiter un sujet, sur la façon de procéder, ça ne loupe jamais, bing, il en est toujours une pour s'enquérir (air entendu et inspiré en sus) "mais quelles sont tes valeurs ?" 

Depuis quinze ans, à chaque fois, je dresse l'oreille, j'affûte mon stylo, j'aiguise mon esprit : à chaque fois, je suis déçue ! 

Entre le "co-construire" (à choix le projet, la prise en charge, la réponse) et le "vivre ensemble" (un je ne sais quoi mais j'ai finalement compris, depuis le temps, qu'il ne s'agit pas de la prochaine séance d'épilation du maillot), je ne suis toujours pas plus avancée, venant même à supputer que cette question est juste un code pour dire "attention, on risque de s'engueuler et ça va faire tache, évitons de perdre notre sang-froid".

Franchement, il est des jours où j'aurais envie de leur dire "crêpez-vous un bon coup le chignon, au moins ça sera dit et on pourra avancer" parce que, figurez-vous, ces phrases qui relèvent du mantra, je ne sais ni d'où elles viennent, ni ce qu'elles apportent, sauf à être un exutoire conduisant à la prochaine pause café. 

Si vous aviez un semblant d'explications, je vous en serais longtemps reconnaissante : je pourrais alors au moins une fois dire un truc intelligent en séance, ça serait le coup de frime de la juriste (qui souvent dort au fond de la salle). 

A bientôt si vous le voulez bien,

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