mercredi 1 février 2017

L'exhibitionnisme moderne ?

Ces dernières années, les tatouages ont "explosé", tout le monde y va de son petit dessin, ou copié bêtement ou réalisé soi-même, avec plus ou moins de génie, n'est pas Matisse qui veut; tout le monde revendique son sens de l'expression de sa personnalité, chacun y va de son conseil sur LE tatoueur qui fait fureur ou de l'emplacement douloureux ou adéquat pour tel ou tel motif, comme s'il s'agissait d'une science exacte.

Soit. Pourquoi pas : même si j'ai des doutes sur la valeur esthétique de certaines réalisations (comprenez "je les trouve parfois vraiment et moches et mal effectuées") ou sur leur pérennité décorative sur un corps vieillissant, reconnaissant qu'il existe de (rares) véritables "bijoux", je concède à chacun de faire ce qu'il pense être adéquat de son enveloppe charnelle.

En revanche, lorsque les gens s'exhibent sur le net en postant des photos d'eux ou plus précisément de leur(s) tatouage(s), je me demande quel en est le sens : pour qui fait-on un tatouage, pour la "collectivité" ou pour soi-même ? Recherche-t-on l'approbation de tiers en dévoilant ainsi des parties de son corps ?  Quelle valeur à cette "approbation" qui sera généralement donnée par des acclamations devant la réelle ou supposée réussite de la réalisation par une communauté d'acquis à la cause ?


Ainsi, il m'arrive de plus en plus souvent d'avoir envie de dire "un peu de retenue, que diable, l'exhibitionnisme relève très vite du vulgaire inutile" lorsque je reçois de telles photos, lorsque d'aucuns me font parvenir des liens sur de telles réalisations : quel(s) objectif(s) en partageant votre corps avec le world wide web ? Pourquoi ce besoin, conscient ou inconscient, de laisser votre image filer aux quatre coins du monde ?

Et je m'amuse à réaliser qu'à la vitesse où les tatouages se multiplient, je serai bientôt reconnaissable dans n'importe quelle piscine, sur n'importe quelle plage : je serai la femme qui est elle, d'origine, tout simplement. Ma beauté, fort discutable physiquement je le conçois, j'ai choisi qu'elle serait avant tout intérieure : il est des choses qui ne se tatouent pas, qui se vivent, intensément, et qui donnent peut-être des rides mais qui sont l'expression de son parcours, pas d'une image collée "par dessus" pour colmater une éventuelle brèche dans un égo vacillant.

Et vous, quelle perception de cette mode du partage forcené de son image sur le net, habillé(e) ou non, tatoué(e) ou non d'ailleurs ?! 

A bientôt si vous le voulez bien. 

4 commentaires:

  1. Sans aucune objectivité, j'assimile les tatouages, et aussi et surtout ceux "nichés" au seine de l'intimité, à l'hystérie à paraitre sur les réseaux sociaux, youtube etc. Le nec plus ultra de la cour de récré est d'être youtubeur/tubeuse. Je ne perçois pas la différence.

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  2. Franklin, sincèrement ? Si je m'en sentais capable, je ferais des vidéos de droit, évidemment pas pour être sur youtube mais pour réaliser des explications complexes (notamment en droit du travail pour le report du délai de congé), avec des schémas, que les étudiants pourraient reprendre. Sauf que moi, me filmer, c'est pas "inné", j'ai horreur de ça !

    Donc, sur le principe, je ne vais pas atomiser ceux/celles qui font des vidéos, je critique en revanche leur piètre qualité.

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  3. Pour moi, le fait de partager quelque chose de soi n'est pas en soi suspect ou condamnable. Que ce soit un tatouage, une photo, un texte, une production quelconque, cela ne me pose pas de difficulté en soi.
    Cela étant dit, il y a effectivement de nos jours une abondance de ces "partages" qui confinent à l'exhibitionnisme. Et la facilité avec laquelle on peut aujourd'hui publier une image, un son, un texte, fait que tout le monde s'y met, compétence ou pas, talent ou pas, pertinence ou pas.
    Mais je ne fait personnellement pas de différence fondamentale entre le fait de publier une (belle) photo d'un (beau) tatouage et celui de publier, par exemple, un texte pour exprimer son point de vue sur une question.

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  4. Sur le principe, Dom', je partage ton point de vue : il se trouve que je vois malgré tout une différence, à savoir qu'avec un texte, tu ne te mets pas torse nu, jambes à l'air (voire davantage) pour montrer ledit tatouage. Cela dit, fondamentalement, la vitesse et la facilité de propagation "nuisent", c'est un fait.

    Au plaisir de te lire, bon week-end,

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