lundi 1 mai 2017

Vote éclairé

Les Helvètes l'auront peut-être noté : le 24 septembre 2017, le peuple suisse devra voter pour dire s'il entend accepter - ou refuser - la réforme prévoyance vieillesse 2020.

Au-delà de l'enjeu politique et les clivages qu'elle ne manque pas d'entraîner, j'ai lu dans différents documents que "la rente AVS augmentera de CHF. 70.-/mois" (l'AVS est l'assurance qui couvre la population contre les risques vieillesse et perte de soutien, en d'autres termes le veuvage).

Ne sachant pas si ce montant allait être ajouté à la rente maximale (CHF. 2'350.-/mois) ou à la rente minimale (CHF. 1'175.-/mois), j'ai pris mon téléphone pour contacter l'un des offices chargés du calcul de ces rentes. 

"Bonjour Madame, j'aimerais savoir si, en échelle 44 (NDLR : personne ayant effectué tout son cursus professionnel en Suisse et prenant sa retraite à l'âge de référence, à savoir 65 ans), le montant de CHF. 70.- prévu dans le cadre de la réforme prévoyance vieillesse 2020 s'ajoutera à la rente minimale ou à la rente maximale". 

Sachant que selon la Constitution fédérale, la rente maximale représente le double de la rente minimale, la question avait son importance : + CHF. 35.- pour la rente minimale si les 70.- étaient ajoutés à la maximale, + CHF. 140.- s'ils étaient additionnés à la minimale. 

En effet, l'art. 112 al. 2 lit c Cst fédérale indique que "la rente maximale ne dépasse pas le double de la rente minimale". 

Bref, je me comprends. 

Ce que je n'ai en revanche pas compris, c'est la réponse de la dame au bout du fil, pourtant "chargée des rentes" dans cet office : "je n'ai pas le droit de répondre à votre question tant que les votations n'ont pas eu lieu". 

"Pour glisser un bulletin de vote éclairé, il me serait pourtant fort utile d'avoir cette précision, non ?" 

"Nous avons reçu l'instruction de ne pas donner cette information, vous devez contacter l'OFAS, le numéro est disponible sur internet". 

Ivre de reconnaissance devant tant de diligence, j'ai composé le numéro de l'Office fédéral des assurances sociales. Où j'ai, très rapidement, reçu un renseignement utile et simple à comprendre : toute rente, une fois calculée, se voit ajouter un montant de CHF. 70.-/mois. 

Ainsi, le rentier qui, au titre du 1er pilier, aurait dû (dans l'hypothèse d'une acceptation de la réforme par le peuple suisse) percevoir CHF. 1'175.- se verra créditer CHF. 1'245.- et celui qui aurait dû percevoir CHF. 2'350.- touchera CHF. 2'420.-/mois. 

J'espère en tout cas avoir compris correctement les indications reçues, étant actuellement occupée à rédiger un article professionnel sur la question des droits à la retraite.  

Mais quelle que soit l'issue du scrutin, je doute pouvoir saisir un jour pourquoi cette collaboratrice a eu ces propos suite à ma demande, fort innocente pourtant. 

Si tu es Helvète, sais-tu déjà ce que tu vas voter ? 

A bientôt si vous le voulez bien,

5 commentaires:

  1. Je viens à peine de mettre dans la boîte aux lettres mes bulletin pour les votations du 21 mai, alors j'ai de la peine à réfléchir si loin ! C'est sur que 70 CHF de plus par moi, c'est environ 18 cafés en terrasse de plus par mois, ce qui n'est pas rien... Mais c'est surtout pas grand chose... Est-ce que cette réforme cache une autre qui aurait pu être meilleure ? Y a-t-il d'autres enjeux que ces 70 CHF ?

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  2. Mirou,

    Le taux de conversion LPP passe de 6,8 à 6%, le taux de bonification est élevée pour deux classes d'âge, l'âge de référence pour la retraite est unifié à 65 ans, le seuil d'entrée LPP est abaissé.... en résumé.

    Il n'y aurait que les 70.-, ça aurait été vite "envoyé" : là, j'en suis à prendre la pleine mesure de l'effet domino : tu bouges à un endroit et ça se répercute jusqu'à dans les tréfonds du droit cantonal. D'ailleurs, ce matin, en appelant un autre office, on m'a répondu "on traite de votre question dans une séance en juin" : super, j'aurais voulu une réponse avant, moi, la cliente m'a donné jusqu'à... demain pour rendre mon article ! Zut pour moi !

    Mon coeur balance : long bilet indigeste avant les votations de septembre, au risque de tuer toute personne qui n'a pas le droit de vote en Suisse ? Mon blog risquerait de perdre le peu de lecteurs - lectrices... à voir !

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  3. Ouille. Effectivement, il faudra bien quelques mois pour comprendre tout ça! C'est très technique. Est-ce que les journaux ne risquent-ils pas de résumer par "retraite à 65 ans pour toutes et tous?"

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  4. Nouzôtres, en Gaule, pour la votation on a le choix entre une fausse blonde aux idées (idées? Vraiment ??) hyperclivantes, sans humanité et un gamin sorti de nulle part ( et peut-être que tant mieux). Nous sommes aux extrêmités de la galaxie.

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  5. Je lis dans le désordre tes derniers billets suite à une pause forcée pour raisons ophtalmologiques. Et du coup, je lis celui-ci après avoir répondu à celui publié deux jours plus tard, sur l’anxiété du choix.

    Il est clair que l’enjeu d’une telle votation est considérablement plus important que celui du choix d’un modèle de table pour le balcon(!).

    Que voterai-je? Il me semble que c’est le cas typique d’une situation où l’on nous propose un “package” qui contient un savant mélange de carottes et de bâtons… Ou bien? Alors, un article de ta part, oui, je prends.

    Ceci dit, pour les sujets que je ne comprends pas, qui me semblent trop complexes, je recours généralement à la consultation des prises de positions des différents partis. Dans l’idéal, Verts et Socialistes (au moins) sont d’accord; et là, j’avoue, je ne me casse pas la nénette. Mais quand il y a désaccord entre eux, je sèche et je me sens plus ou moins obligé de me faire une opinion par moi-même… quand j’y arrive (oui, je sais, c’est pas très glorieux). Et finalement, c’est l’angoisse dont parle ton billet du 3 mai qui me prend, avec, en plus, une sorte de culpabilité de ne pas être capable d’être votant plus responsable…

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