jeudi 16 septembre 2010

Prière

Parmi mes amis, copains et connaissances, il y a moult protestants, des catholiques, des évangéliques, un bon paquet de personnes athées, quelques juifs, de rares musulmans et certains croyants divers mais non pratiquants : bref, un joyeux patchwork.

Avec certaines personnes, j'apprécie de discuter de la foi, non pas sur le mode "j'ai raison (de croire / de ne pas croire) et t'as tort (de croire / de ne pas croire)" mais bien davantage sous l'angle des choix de vie, de leurs impacts sur le quotidien, sur les difficultés rencontrées de part et d'autres.

En outre, je tiens farouchement à l'art. 15 de la Constitution fédérale, lequel fonde la liberté de conscience et croyance : en résumé, elle permet aux croyants de croire - et de pratiquer - et aux athées de ne pas croire.

Malgré ce joyeux patchwork religieux autour de moi, il y a un instant qui, à chaque fois, me trouble et au cours duquel je ne sais pas comment me comporter : lorsque, invitée, je suis sur le point de me ruer sur mon assiette, généralement alléchante, et que mes hôtes coupent mon élan "nous aimerions simplement prier avant le repas si tu es d'accord".

Je ne peux qu'être d'accord : au nom de quoi les priverais-je de cet instant important pour eux ? Sauf que moi, durant ces quelques minutes, je fais quoi, hein ? Baisser la tête moi aussi ? Les regarder ? Croquer négligemment une olive restée sur la table ?

Athée, je ne peux et ne veux pas prier : cela serait une mascarade. Les regarder serait inadéquat, cette communion étant par essence intime, manger les derniers chips au paprika carrément indélicat.

Vous, vous savez toujours comment vous comporter lorsque vous vous trouvez liés à un acte d'une foi qui n'est pas la vôtre ?

A bientôt si vous le voulez bien,

5 commentaires:

  1. Chère Mary,
    Tes scrupules t'honorent.
    Tout comme Paris vaut bien une messe, un bon repas vaut bien une minute de silence. De toute façon, on ne parle pas la bouche pleine (ne pas toucher à la soupe avant la fin des formalités religieuses), disait déjà ma Maman il y a plus d'un demi-siècle.
    Amitiés
    P.S. Me faire remarquer par mon athéisme ne fait pas partie de mon éducation. Lors de messes, je fais comme les autres avec les hosties (ou autres gadgets)... mais avec un petit retard!

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  2. Le premier mot qui me vient à l'esprit, c'est "le respect". Par contre, si ce moment, comme tu l'indiques, dure "quelques minutes", c'est vachement long !!! J'ai remarqué que le temps de prière avant le repas était souvent de quelques secondes, donc finalement rien de très pénible...

    Par contre, je n'aime pas l'idée d'imposer ce moment à des invités qui n'ont peut-être pas la même croyance... Le mot "respect" devrait aller dans les 2 sens...

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  3. ....si tu es d'accord". C'est le même "D'accord, d'accord" que dans http://www.cuk.ch/articles/4360 !!!
    On impose, c'est tellement plus simple.

    Dans la même situation, je sors de la salle de repas !!
    Sans le "....si tu es d'accord" maintenant, il est tentant de s'abstraire mentalement et de diriger ses pensées vers ceux qu'on aime.

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  4. Je suis croyante, je prie avant les repas. Mais, et surtout s'il y a des non-croyants à table, et c'est je pense la même chose pour nombre de mes coreligionnaires, jamais la prière ne durera "quelques minutes".
    Déjà pour nous c'est pas facile (lorsqu'il y en a un qui dure trop, on a tendance à décrocher, j'en connais un que je n'écoute même plus, je sais, c'est pas bien, mais il parle très - très! - lentement, et longuement), alors je pense aux autres !

    La prière, surtout avant les repas, ne dois pas être un étalage, elle doit être courte et sobre pour moi.

    Si je devais me retrouver chez quelqu'un d'une autre religion qui veut prononcer une prière, je pense que j'attendrais en silence qu'il ait fini. En espérant ne pas m'ennuyer et lorgner sur le reste des chips s'il dure trop.

    Mon mot d'ordre en tous les cas est un silence respectueux mais non participatif (oh, c'est bien dit ça...)

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  5. Armand,

    Un bon repas vaut au moins une minute de silence de ma part, d'autant que pour rien au monde, je ne voudrais troubler cet instant, il est juste qu'il me met parfois un peu mal à l'aise. Quant à l'hostie, diantre, qu'est-ce qu'elle a pu coller à mon palais !

    Macsteph,

    Bien sûr que cet instant ne dure que quelques secondes : le temps est relatif et il me semble durant des "minutes" là où il n'y a, comme tu le dis si justement, que des "secondes".

    Cela dit, comme je suis chez eux, je ne vois pas pourquoi ils devraient se priver de cette prière si elle est importante pour eux : je ne prie pas chez moi mais je ne serais pas fâchée s'ils le faisaient quand même, le respect est pour moi d'accepter que les autres ne fassent pas comme moi.

    Franklin,

    Je retiens l'idée de consacrer ces "minutes" qui sont des secondes pour aller vers ceux que j'aime, ça sera ma prière à moi !

    Chrysopale,

    La tournure est en effet très bien trouvée, ce silence respectueux mais non participatif, chapeau !

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