mercredi 3 mai 2017

L'anxiété

Depuis le mois de juillet 2016, je vis dans un appartement doté d'un balcon que je qualifierais de "somptueux" - étant entendu que tout est relatif dans l'existence -. Ainsi, la vue y est dégagée, parfois même magnifique selon moi et je profite, à tout le moins durant certains week-ends et les vacances, du soleil levant et du soleil couchant. 


Ce balcon, à vrai dire, m'intéresse aussi et avant tout que parce que je peux potentiellement y mettre une très grande table (je sais, je suis monomaniaque des tables) et un grill. 

Mais... parce qu'il y a forcément un "mais" : je n'arrive pas à me décider ! Un vrai casse-tête : je suis déjà allée dans trois magasins et j'ai toujours au moins autant de bonnes raisons d'acheter que de ne pas acheter, avec des motifs aussi pertinents que "est-ce que ce banc va tenir 124  générations en restant dehors toute l'année ?", "le couvercle de ce grill ne va-t-il pas grincer après 312 grillades ?", "la même table mais en une teinte plus claire, ça ne serait pas plus joli et mieux assorti avec les dalles du balcon ?", "durant combien de décennies mon banquier va-t-il me faire la gueule si je procède à cette dépense ?" etc etc etc etc etc.

Le terme "casse-tête" est d'ailleurs largement au-deçà de la vérité : c'est même carrément anxiogène. J'ai d'ailleurs ri toute seule en constatant que j'avais acheté, il y a quatre ans, une voiture à CHF. 10'000.- en moins de 12 minutes top chrono mais que je n'ai toujours pas pris de décision pour mon balcon ! Je devrais probablement envisager d'en parler ou à Freud ou à mes rhododendrons.

Alors que l'anxiété me paralyse (vous allez voir que les arbres perdront leurs feuilles avant que je ne sois dotée de chaises - il me faudra affirmer durant tout l'été que les apéros dînatoires debout sont ultra tendance -), il est des gens qu'elle rend "créatifs". 

J'ai ainsi reçu il y a peu un mail d'un lecteur, me demandant mon avis sur un texte qu'il avait écrit. De toute évidence, cliquer sur le bouton "send" le rendait un brin nerveux : le message qui accompagnait son envoi était tellement drôle que je lui ai demandé l'autorisation de vous le retranscrire ici - merci à lui pour son accord - : son "anxiété" est tellement plus divertissante que la mienne ! 

"En attendant je fais une retraite, je croise les doigts, je grimpe le Cervin, je m’enferme volets fermés, j’achète une moto et je fonce dans la nuit, gants ou pas gants pour le Cervin ? J’apprends le japonais, je fais une pizza et l’engloutis, je fais un cassoulet et l’engloutis et je recommence : pizza, cassoulet…, je fume UNE cigarette, je me marie avec Ellen MacArthur, je lui rachète son trimaran et je m’inscris à la Route du Rhum, je gagne la Route du Rhum, je me désabonne du BlogDuCuk, je me reconvertis dans le débardage à cheval (avec un comtois), je vends mon Picasso, j’envoie des fleurs à Madame Poppins, non du vin (pas Château Bonnet qu’elle goûte, un autre), non du parfum (un peu casse-gueule pour choisir), non des huîtres, non un bon d’achat dans une boutique de lingerie (valeur permanente), je tapisse mes chaussures avec des timbres-poste de collection (extérieur et intérieur), j’achète un entier de tous les fromages de France, je lis la Bible à l’envers (le haut des pages en bas) en commençant par la fin, je fais un vol dans le biplace de la Patrouille de France, je me réabonne au BlogDuCuk, je me fais une camomille, j’invente le rock’n’roll, je relis les œuvres complètes de François Villon (...)". 

Si seulement toutes les personnes angoissées pouvaient être aussi amusantes, le monde irait moins mal je crois, même si j'émets des réserves quant à l'oeuvre de Fillon (MàJ : on me signale dans l'oreillette que ce n'est pas Fillon mais Villon, corrigé et tant pis pour ma chute pas drôle), encore que sa promesse de rendre l'argent sous condition m'ait fait beaucoup rire.



Et vous, par quoi se traduit votre anxiété lorsqu'elle vous prend, à choix, les tripes, le coeur et/ou la tête ? 

A bientôt si vous le voulez bien, 


5 commentaires:

  1. Mon cher associé O....r, dont j'ai parlé dans cuk.ch disait: "non, pas anxiété, affolement affectif irrationnel".
    Ca c'est de ça qu'il s'agit: on est confronté, brutalement à une situation dont la réponse, rationnelle, réfléchie, ne peu arriver tant la sidération nous a pris à la gorge, ou plutôt au neurone.
    Je conserve pour O....r, une admiration sans bornes pour cette capacité qu'il avait et a encore - nous venons de passer le week end ensemble - de rester lucide, analytique dans des situations - médicales ou pas - d'extrême "agressivité", par exemple face à un directeur pervers narcissique s'attaquant à notre intégrité.
    J'essaie de m'inspirer de lui, et m'efforce de toujours - facile à écrire - de mettre à distance grâce à la réflexion le stress - sauf hier, sur l'autoroute où une voiture a heurté à pleine vitesse la voiture qui roulait devant. Je m'en suis tiré sans difficulté, mais la peur s'est exprimée a posteriori.

    Difficile question !!

    RépondreSupprimer
  2. "la Route du Rhum, je me désabonne du BlogDuCuk, je me reconvertis dans le débardage à cheval (avec un comtois),"

    Tu trouves ça drôle, toi?

    "je fais un vol dans le biplace de la Patrouille de France, je me réabonne au BlogDuCuk, je me fais une camomille,"

    Ah oui, c'est drôle en effet!

    😀😀😀😀😀

    Et alors, ce texte, il est aussi bien que le mot qui l'accompagne?

    RépondreSupprimer
  3. Ah, l'anxiété du choix... je connais bien!

    J’avais commis un petit billet sur la question. C’était un de mes premiers:
    http://wp.me/p2RLAE-2g
    Voir également le deuxième commentaire, dans lequel je me retrouve tout à fait.

    Et pour répondre à ta question, ça me prend la tête, avec de fortes résonances dans les tripes!

    RépondreSupprimer
  4. Je suis un procrastinateur né, et natif de la Balance. Si je ne crois pas trop à l'astrologie, je demande souvent quand je suis dans un dialogue du genre:
    "Tu as envie de quel type de restaurant ?
    - je sais pas, toi tu aimes quoi?"
    Et souvent ce sont des balances aussi !

    Mais bref. Je procrastine aussi les choix. ça peut me tarauder durant des jours, et tout à coup - hop - c'est décidé et je ne reviens plus dessus.

    RépondreSupprimer
  5. Ce proverbe allemand, tout à fait pour toi à tous égards !
    "Wer die Wahl hat, hat die Qual"

    RépondreSupprimer